Alors que l’on a pu entendre, cette semaine commémorant les 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz, un proche de l’ex-otage franco-israélien du Hamas, Ofer Calderon, comparer sa détention au calvaire des déportés juifs en camp de concentration/d’extermination (vive CNews !), les chaînes « normales » de télévision ont été plus ou moins inspirées pour « ne pas oublier l’indicible ». Quitte à troquer, paresseusement, l’information pour l’émotion. France 2 a choisi les témoignages jusqu’à près de deux heures du matin, tout comme LCP, « pour la postérité ». Pas facile, en effet, de prendre la parole sur un sujet qui apparait comme être devenu la propriété exclusive des juifs, à l’exclusion des historiens ou des artistes comme le génial réalisateur italien Roberto Benigni qui signa, en 1997, un pur chef d’oeuvre, La vie est belle. Soumis aux critiques d’avoir pu tenter de faire rire sur un sujet aussi tabou et barbare, c’est pourtant avec beaucoup de prescience que France 3 a choisi de diffuser ce long métrage vendredi 31 janvier 2025, en plein conflit isréalo-palestinien- lire notre Une. Car, si la fiction peut être aussi marquante que la réalité-citons Le Choix de Sophie, adapté du roman de William Styron, ou plus récemment, La zone d’intérêt de Jonathan Glazer, il est regrettable que la télévision française n’ai pas donné la parole à des historiens dans notre époque gagnée par la désinformation.
L’impasse à l’information
Ou l’oubli, tout en le condamnant. Quelle place a-t’elle été ainsi faite aux déportés roms et tziganes, 1,1 millions de morts tout de même, et aux autres victimes du nazisme, homosexuels ou malades mentaux, également exterminés. Et que dire des chiffres qui varient en nombre de victimes, de trois millions sur Wikipédia à 5 ou 6 millions- un million de morts en plus ou en moins, ce n’est pas un détail…On aurait souhaité, par exemple, pour prévenir toute récupération négationniste ou complotiste, qu’un programme rétablisse la réalité des chiffres (il est convenu que les nazis étaient très méticuleux) et recense toutes les communautés victimes de cette solution finale imaginée de façon industrielle, ce qui exclu à priori « l’à peu près », source d’interprétations que l’information a pour vocation de faire taire.
AW