Lundi 20 février, la conférence de Corinne Lepage démarre, à la minute précise, au prestigieux Press Club du 15e arrondissement de Paris, pour présenter son programme. Les places restées vacantes se remplissent discrètement. Avec son 1% d’intention de vote, la presse ne la prend pas au sérieux. Excepté aujourd’hui où une trentaine de journalistes s’est déplacée pour l’occasion. Elle monte sur une estrade surélevée, talon haut, une écharpe bleu turquoise, porté à l’indienne. Son discours porte sur l’innovation, l’entreprenariat, car le citoyen est « la solution » pour sauver « le navire envoyé dans le récif par son capitaine » – à l’image du Concordia. Elle veut changer de cap, non pas avec 21 mais, avec 69 mesures dans son programme. Notre capitaine hisse le drapeau jaune de l’écologie avec son plan SOLEIL (Solution Energie Investissement Long terme) pour développer les énergies renouvelables, la recherche dans ce domaine et transiter vers la troisième révolution industrielle, qui devrait permettre petit à petit (25 ans), de se passer du nucléaire et du pétrole. Quand on parle d’écologie, on pense en premier lieu au parti d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) et à Eva Joly. Mais quand Corinne Lepage, femme engagée dans l’écologie depuis 35 ans, mentionne le nom de la norvégienne aux lunettes rouges, ce n’est pas pour la rallier, considérant que la candidate d’EELV « dessert plus qu’elle ne la sert. […] L’écologie a besoin plus d’une avocate que d’une juge. » Il est vrai que Corine Lepage a été ministre de l’environnement sous le gouvernement d’Alain Juppé, de 1995 à 1997. Cette femme à la parole libre est aussi avocate de profession spécialiste du droit de l’environnement, et s’est notamment occupée de l’affaire du pétrolier Erika en 1999. Outre son opposition au parti écolo, elle souligne aussi qu’aucune réconciliation ne peut se faire avec François Bayrou, son programme ne correspondant pas au sien – elle qui fut la co-fondatrice et l’ancienne vice présidente du Modem, le parti de ce dernier. Notre capitaine Soleil se positionne donc seul à la barre de son navire écolo-centriste. La presse en rajoute en lui demandant avec qui va-t-elle se rallier si elle n’a pas toutes ses signatures – 430 à l’heure actuelle : « Vous allez un peu trop vite », leur dit-elle. Elle reste déterminée à atteindre le premier tour, en précisant qu’elle ne refusera pas un ralliement ensuite. Voilà de quoi faire penser à une plante verte qui cherche la lumière des médias, en espérant que son programme Soleil lui apportera ce dont elle a besoin pour tenir la barre jusqu’au bout…