Face à la mort, les hommes sont-ils égaux? Le réalisateur Uberto Pasolini a imaginé dans Une belle fin un émouvant « accompagnateur », John May, fonctionnaire des pompes funèbres londoniennes qui, avec une méticulosité maladive, offre un peu de reconnaissance à ceux qui meurent seuls. Interpreté par Eddie Marsan, vu dans les films de Terence Malick, Mike Lee ou Scorcese, au visage lunaire et au jeu empli de grâce, son personnage, à la limite de l’autisme, vit par procuration à travers « ses morts » et offre à travers ce film une ode à la modestie, à l’effacement, pleine de poésie; l’empreinte d’une tête laissée sur un oreiller, un album photo jauni par le temps, de vieux vinyles, la camera donne à voir avec infiniment de retenue ce qui reste dans ces lieux où la vie s’est arrêtée brusquement. Commence alors le travail de trouver des proches afin d’accompagner une dernière fois ces inconnus; des hommes, des femmes pour lesquels John May écrit de belles oraisons funèbres, assistant seul à leurs enterrements puis collant leur photo dans son album personnel, rituel immuable depuis 22 ans jusqu’au jour où son supérieur, un jeune homme puant, lui annonce qu’il est renvoyé, pas assez compétitif…
Alors, pour son dernier dossier, un voisin de fenêtre mort sans qu’il ne l’ai jamais vu, il quittera enfin son petit bureau gris et sillonnera l’Angleterre afin de retrouver les amis, les femmes, les enfants que cet homme a laissé il y a si longtemps derrière lui. Et commencera ainsi à vivre pour lui-même jusqu’au dénouement final, déchirant au point que les spectateurs présents restent figés dans leur siège, tout le long du générique fin. Du très beau cinéma.
AW