J’avais entendu parler l’an dernier de la première fête du livre de Talloires. Peu d’auteurs invités (25), contrairement à l’ensemble des salons du livre où la barre des 250 auteurs est souvent franchie. Un évènement pour happy few écrivains, début juin, crée par Jean-Marie Gourio, l’auteur, entre autres, de Brèves de Comptoir (Robert Laffont) qui vit sur place, et Marie-Laure Goumet, attachée de presse aux éditions Julliard, qui reçut le Prix Lilas chic et convoité de l’attachée de presse 2009. Me voici donc en ce mois de juin 2012 dans le train qui m’emmène à Annecy, puis au fond d’un car qui nous dépose aux bords du lac dans un paysage en cinémascope. L’eau est émeraude, le haut des montagnes encore enneigé, les pontons au bois délavé s’avancent au-dessus des flots bleus et de barques étrangement noyées. Mazarine Pingeot est parfaite dans une petite robe d’été vaporeuse couleur saumon. Jean-Marie Gourio nous accueille avec gentillesse, Marie-Laure Goumet nous dirige vers nos hôtels, où nous irons heureusement tous à pieds. J’hérite d’une villa des Roses, où je range soigneusement mes affaires, après avoir inspecté l’immense chambre et la salle de bain et je regrette d’avoir oublié mes rollers. Sur la terrasse qui donne et sur le jardin de l’hôtel et sur le lac, je peux fumer tranquillement mes Fortuna Light avant de revenir au ponton de l’embarcadère pour une soirée à bord d’un bateau-croisière qui va glisser sur le lac d’Annecy. J’y croise l’écrivain Jean-Claude et l’éditrice Nicole Lattès avec un pincement au cœur : j’ai commencé dans l’édition à leurs côtés. Je voyage avec Sylvain Tesson et Flore Vasseur, deux intrépides baroudeurs, et je trinque coca-light contre champagne avec les écrivains et attachés de presse présents. Oui je sais, je ne bois jamais d’alcool. Des buffets somptueux nous attirent de toutes parts, de merveilleuses langoustines aussitôt happées, des soupes aussitôt lapées, des petites verrines qui enferment de douces saveurs. La sympathique journaliste du Dauphiné, Colette Lanier, fait une vidéo de l’auteur du Pays des kangourous (Editions Don Quichotte) (votre serviteur) avec son caméscope à l’avant du bateau. On entendra surtout le vent sur la mise en ligne, à moins de tendre l’oreille comme seul un fan peut le faire. Dans mon sac, je planque le magnifique stylo Dupont que la marque vient d’offrir à tous les écrivains présents. A notre retour un magnifique feu d’artifice nous rendra nos sourires d’enfants. Le lendemain matin j’arrive sur la place du village de Talloires un peu en avance et assiste au ballet des libraires chargés de cartons qui vont d’une table à l’autre et déballent nos livres pour les aligner face aux auteurs. Je prends un café sur la terrasse d’une boulangerie avant de rejoindre ma table et sortir mon beau stylo que je suis sûr de perdre avant la fin du week-end. J’aperçois Marc Lévy et Delphine de Vigan puis ils disparaissent aussitôt derrière une foule qui fera signer livres et poser les auteurs devant leur portable. Au déjeuner, sous une magnifique voute de tilleuls, je ferai des photos en format kaléidoscope avec mon iPad qui réjouirons Betty Mialet, éditrice chez Robert Laffont, et l’écrivain Lionel Duroy. La chaleur monte sur le stand où je signe, j’échange ma chemise contre un tee-shirt J’aime Talloires que j’achète à l’épicerie en face. La vendeuse viendra plus tard m’acheter un livre. Plusieurs lecteurs me demandent si j’ai un lien avec un Jean-Claude Paris, visiblement très populaire dans la région. Je secoue la tête au risque de les décevoir, mais nenni, ils me demandent une dédicace. Les heures passent, mes piles diminuent. Luxe suprême, une charmante dame m’apporte un Diabolo Menthe. Je n’ai jamais autant vendu en une journée de salon. Une amie virtuelle de Facebook, Véronique, que je n’avais pas rencontrée jusqu’à ce jour, saisit un livre et m’invite à prendre un café avec ses amis. Le soir, un diner gastronomique de quinze plats et trois heures me plongera plus tard dans un sommeil de plomb. Assis près de la journaliste et amie du Monde, Josyane Savigneau, nous aurons une conversation émouvante autour de Dominique Rolin. Dimanche, le temps change, le lac et le ciel deviennent gris. La québécoise Denise Bombardier, qui vient de publier un hymne à l’amour autour de son compagnon Jim (L’anglais éditions Robert Laffont) nous fait rire aux éclats. Elle a le sens de la répartie et un accent irrésistible. La charmante Catherine Enjolet qui a lancé la notion d’« adoption affective » et publié entre autres, Enfance sous silence, se prête en ma compagnie au jeu des questions dans une rencontre animée par Nathalie Crom responsable des livres à Télérama, avec qui nous avons révisé la veille à l’Auberge du Père Bise, coupe de champagne et boules de foie gras incluses. Entre notre estrade et le public, un rideau de pluie nous sépare. La journée se poursuivra sur d’autres rencontres, souvent émouvantes, avec des lecteurs toujours curieux et un auteur toujours bavard. Je plaisante avec le libraire et la dame qui tient la caisse. Je l’appelle même maman. C’est sa fête ce jour-là. Au moment de quitter Talloires, je n’ai plus un livre et je n’ai pas perdu mon stylo Dupont. Je quitte ce ravissant village dans une brume grise et me promets d’y revenir un jour, en galante compagnie, le temps d’un week-end rien qu’à nous. Une très belle réussite cette fête du livre de Talloires qui porte bien son nom !