Pierre Mondy avait le physique d’un chic type; les yeux rieurs, les traits affables, la silhouette généreuse-de quoi vous rassurer avec votre prochain. Il est mort cette semaine à 87 ans, laissant à tous l’impression rare d’avoir perdu un proche. Un « comme nous », au point que la famille a convié le public à ses oséques jeudi, habitué aux comédies franchouillardes comme la 7ème Compagnie, éternel concurrent de Michel Galabru-autre merveilleux acteur car c’est un talent énorme que de savoir faire rire- qui lui avait volé celui de l’adjudant dans la série des Gendarmes. Ainsi représentait-il une certaine idée du français, bienveillant et rigolard, née de ces années où la croissance était là et où l’on imaginait les lendemains forcément meilleurs. Une France à papa qui aujourd’hui n’existe plus et lui offrit jusqu’ à trois films par année pendant plus de 25 ans tandis que le petit écran en avait également fait un des visages ô combien familiers des téléspectateurs, avec même un passage dans la formidable série Fais pas-ci, fais pas ça en 2010 sur France 2. Le cinéma, la télévision et le théâtre bien sûr pour cet homme qui savait se démultiplier et fut sur la scène mais également dans la salle pour une quarantaine de mises en scènes, de Feydeau à Neil Simon, en passant par Sacha Guitry ou Molière. 1974, La cage aux folles triomphe sous sa « non direction » de Jean Poiret et Michel Serrault qui certains soirs pouvaient faire durer la pièce une heure de plus…Aujourd’hui, il y a les temps de travail à scrupuleusement respecter, les parcmètres qui tournent pour ceux qui sont garés et le RER à ne pas rater. La France a changé et Pierre Mondy s’en est allé. Salut l’artiste.
Par Laetitia Monsacré
Ses obsèques auront lieu jeudi à 14h30 à l’Eglise St Honoré D’Eylau, 66 bis avenue Raymond Poincaré dans le 16ème arrondissement, à Paris.