La meilleure façon d’apprécier Gérard Depardieu est sans aucun doute sur scène. Après la voix chaude, ô combien enveloppante de Philippe Noiret, puis Alain Delon et Jacques Weber, c’est ce nouveau citoyen russe, qui a défrayé la chronique, qui donne la réplique à la toujours aussi belle Anouk Aimée, dans ce Love Letters qu’elle reprend pour la cinquième fois sur scène. Une lecture de lettres où l’humour et l’émotion se disputent la vedette, et dans laquelle la comédienne immortalisée en Lola par Jacques Demy excelle en Mélissa, parfaite WASP (appartenant à la haute bourgeoisie de la côte Est américaine), tantôt crue tantôt tendre, mais avant tout passionnée. Ces « lettres d’amour » sont en effet l’occasion de voir défiler la vie d’un couple épistolaire, de leur rencontre à l’école primaire jusqu’à ce que l’un d’eux, le plus fragile, tire sa révérence. Depardieu, qui aura savonné sur quelques mots sans jamais que cela soit préjudiciable à la pièce, convoque alors tous ses fantômes pour lire la dernière lettre en créant une émotion comme on en voit rarement sur scène. Et confirme ce qui a fait de lui un des plus grands acteurs qui soient, le talent qui confine à la grâce. Pour le reste, disons que personne n’est à l’abri en vieillissant de faire n’importe quoi…
LM
Love Letters, au Théâtre Antoine jusqu’au 15 janvier -19 heures- il reste des places à visibilité réduite-20 euros