L’an dernier, les Molières n’ont pas eu lieu, après 25 ans de bons et loyaux services. Certes, l’audience était un peu faible; pourtant la dernière édition menée par Laurent Lafitte avait été une belle soirée de télévision entre Valérie Bonneton s’envolant dans les airs et avec Michel Fau singeant Carla Bruni devant la mère de celle-ci présente dans la salle, souriant jaune-un délice…. Annoncés par Bernard Murat en janvier dernier, Les Palmarès du théâtre les ont donc remplacés avec l’omniprésent Pierre Lescure aux commandes et un jury on ne peut moins légitime entre Josée Dayan, Régis Wargnier ou Patrice Leconte (et pourquoi pas Stephane Bern?)…Quant au concept même de l’émission, vraiment à « l’économie » on aurait dit une soirée de comité d’entreprise avec des gens s’autocongratulant en une minute maximum, sous peine d’être « sonné » et rappelé à l’ordre par la présentatrice Aïda Touihri faisant la kapo de service. Face à qui avaient-ils gagné? Grâce à quoi? Aucune liste de nommés, aucun extrait, ce ne fut qu’une musique jingle stressante et remerciements plats comme la poitrine d’une mannequin de défilé, avec quasiment aucun lauréat présent de Joël Pommerat aux Bohringer père et fille ou Robert Hirsch. Quant à la pièce qui reste la révélation de l’année, Le Porteur d’histoire, elle ne fut même pas citée…
Crise du privé et du public
Alors, la magie du théâtre? A l’heure où personne ne regarde la télévision, 19 heures un dimanche soir de vacances scolaires, elle n’était en tout cas pas sur France 2 alors que le théâtre privé « affronte actuellement une période préoccupante, car presque tous les indicateurs sont au rouge « , a annoncé ce mois-ci Antoine Masure, délégué général de l’Association qui rassemble 53 théâtres parisiens privés et 15 tourneurs. Ainsi, ont-ils enregistré une baisse de 10,2 % de la fréquentation des salles, avec un nombre des spectateurs qui est passé sous les trois millions contre 3,3 millions en 2011; les recettes de la billetterie ont chuté de 14 %, passant de 109,7 millions d’euros en 2011 à 94,4 millions en 2012 tandis que le prix moyen du billet n’est plus que de 31,72 euros en 2012. Voilà de quoi inquiéter les théâtres privés qui produisent « artisanalement » et sans aucune subvention plus de 200 spectacles par an, représentant plus de la moitié de la fréquentation théâtrale totale. Quant au théâtre public, avec des subventions qui sont de plus en plus réduites, certaines salles annoncent déjà ne plus pouvoir boucler leur saison prochaine…Trouver de l’argent pour continuer à assurer le spectacle, France Télévisions et les théâtres, même combat? Ça y ressemble…