Sur la scène un fauteuil, un divan et, projeté sur une grande toile blanche, un test de Rorschach, ce fameux dessin, amas de tâches noires, sur lesquelles les patients projettent leurs fantasmes. A la Grande Halle de la Villette, en ce moment, on explore l’inconscient à coup de saltos arrières, de jongleries de l’esprit et de voltige de l’âme. La troupe canadienne « Les 7 doigts de la main » propose un spectacle réjouissant et survolté où l’on s’amuse de la folie, plus ou moins ordinaire. A chaque névrose son acrobatie. Un patient atteint de TOC tente d’échapper à une marée humaine par une série de pirouettes. Une femme surmonte son agoraphobie sur un trapèze. Un jeune homme sujet aux addictions exprime son enfermement dans un numéro de roue allemande. Et puis il y a cette patiente narcoleptique qui s’endort un peu partout. L’occasion d’un ravissant numéro de mâs chinois avec un oreiller. Pendant près de deux heures, « Psy » transforme nos angoisses en performances et se joue de nos névroses, alternant les numéros solos et les intermèdes en groupe avec une énergie à couper le souffle. Ce n’est (presque) jamais clinquant mais toujours périlleux et réalisé avec grâce et précision. Il est presque autant question de danse que de cirque d’ailleurs. Et ce n’est pas pour nous déplaire tant les chorégraphies sont entraînantes et rythmées. La troupe relève un pari assez risqué, celui de donner à voir ce qui se passe dans nos têtes. De le mettre en forme, en corps, et sans les mots. Pas évident. Ils s’en sortent très bien. Le tout en nous faisant souvent rire. Chapeau.
Par Sarah Gandillot
« Psy », Les 7 doigts de la main. Du mardi au samedi à 20h30 / dimanche à 16h, jusqu’au 30 décembre, Grande Halle de la Villette.