15 avril 2014
Tom à la ferme, l’amour vache

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Les attentes étaient nombreuses pour le quatrième film de Xavier Dolan, jeune cinéaste canadien  particulièrement salué dans l’hexagone après Comment j’ai tué ma mère, Les Amours imaginaires  et  Laurence Anyways, tous sélectionnés au Festival de Cannes. A grand renfort de musique « indé » et de couleurs acidulées, Xavier Dolan avait ainsi pris l’habitude de peindre la violence du sentiment amoureux, qui dynamite les familles et bouleverse les conventions sociales.
 Tom à la ferme, sélection officielle à la dernière Mostra de Venise, raconte l’histoire d’un jeune homosexuel joué par Xavier Dolan lui-même, venu assister à l’enterrement de son amant, dont l’homosexualité a été savamment tenue secrète à sa mère par le grand frère, Francis. Tenté de quitter précipitamment ses hôtes, Tom va pourtant revenir dans leur ferme à plusieurs reprises, le film s’attachant progressivement au couple que forme Tom et Francis, dont la relation de dominé/dominant va se prolonger inexplicablement pour devenir de plus en plus ambiguë. Au lieu de s’échouer sur un stérile choc des cultures, le film prend dès lors les traits d’un thriller, où le jeune Dolan aux cheveux peroxydés va subir les humiliations du grand frère aux pulsions tortionnaires, sur fond d’une musique omniprésente, composée par Gabriel Yared.

Détresse amoureuse

Pourtant derrière la brutalité compulsive du grand frère, dont l’entrée en scène est aussi terrifiante qu’efficace, c’est la détresse de Tom que Xavier Dolan raconte. La première scène du film expose d’emblée l’incapacité du personnage à affronter ce deuil, son incapacité à en parler et à exprimer sa peine. C’est ce trouble qui le conduit petit à petit à refuser de retrouver sa vie « normale » de citadin, vie dont d’ailleurs on ne saura pratiquement rien.
Reste que si les étables, les champs de maïs et les vestes en jean contrastent avec l’atmosphère branchée et les personnages extravertis des précédents films du réalisateur,  son choix d’ériger dans ce dernier opus le masochisme comme palliatif au deuil laisse toutefois un peu circonspect.

Par Florent Detroy

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