Vous ne comprendrez pas grand chose à pourquoi « la firme »-on pense à Lehmann Brothers- va perdre en une nuit 8 milliards de dollars. Et est-ce vraiment ce montant, en fait? Bienvenue à Traderland, au sein de ces sociétés à Manhattan où des jeunes gagnent en un an des millions de dollars. Sauf, que là, en une journée, ils vont perdre leur job en échange de 1,6 millions de dollars-un cadeau d’adieu. Ici, les seules larmes versées sont sur un chien que l’on va devoir euthanasier après avoir payé mille dollars par jour pour ses soins. Ici, vous êtes virés en quelques minutes, avec obligation de faire vos cartons avec un vigile dans le dos. Tout cela pour avoir le droit de passer ses journées devant une dizaine d’écrans, à jouer avec des valeurs virtuelles-en gagnant ou en perdant. Alors quand une des jeunes recrues découvre que les seuils d’alerte ont été atteints et que tout va exploser, c’est une nuit d’état d’urgence qui va se jouer dans les bureaux endormis et feutrés. Et « pour le bien commun », tous vont accepter de vendre des actions pourries à d’autres afin de continuer à payer leurs crédits et leurs pensions alimentaires. Ce premier film de JC Chandor, qui a fait un carton aux Etats Unis, est glacial, sans appel, balayant les cas de conscience des brokers comme Sam-Kevin Spacey, magistral comme d’habitude, à coup de millions de dollars.. « It’is just money » comme dit le grand patron-Jeremy Irons-qui dit être payé pour entendre la « musique ». Alors quand celle ci s’arrête, l’orchestre est contraint à un dernier boeuf avant que le silence ne se fasse à jamais pour certains, ruinés par ces cannibales d’un nouveau genre.
LM