9 novembre 2012
Le Tuniser- Pas de chômage pour les imams djihadistes

 

Ce mercredi 31 octobre, la Tunisie accueillait un homme dont le nom ne sera plus jamais inconnu et sera même probablement guetté. Mohamed Hammami, 77 ans, imam à la mosquée Omar dans le 11ème arrondissement de Paris, est rentré au pays, expulsé par les autorités françaises pour avoir prôné le djihad violent, tenu des propos antisémites et appelé à la violence contre les femmes. Ce « charmant personnage » a donc pris un aller simple pour le pays dont il est ressortissant. Une décision importante de Manuel Valls qui applique la loi républicaine. Les valeurs de la république doivent être préservées. Mais que trouvera-t-il en Tunisie, qu’il a quitté il y a des décennies ?

Les bras ouverts ?

L’arrivée de l’imam Hammami intervient au lendemain d’affrontements violents aux abords de la mosquée Al Nour à Douar Hicher près de Tunis. Suite à l’arrestation de l’agresseur d’un responsable de la garde nationale, un poste de police est envahi par des jeunes de la mouvance salafiste armés de sabres. Deux agents sont blessés, et leurs collègues doivent tirer à balle réelle pour se protéger. Un des attaquants succombera à ses blessures, signant le début de ce qui ressemblera à une guérilla urbaine qui s’étendra à tout le quartier.

Les appels au djihad fuseront du minaret, les mégaphones ajoutant leur voix aux jets de pierres et de cocktails Molotov visant les forces de l’ordre. Jeudi 1er novembre, Nasreddine Aloui, imam de cette même mosquée, est intervenu en direct à la télévision, brandissant un linceul et invitant à combattre les mécréants, inclus les partisans du parti au pouvoir Ennahdha, dont le président passe pourtant son temps à prêcher le même discours « anti mécréants », ainsi que le premier ministre Ali Lârayedh présent sur le plateau. Il ne fait aucun doute que Mohamed Hammami ne se sentira pas perdu au milieu de ses confrères imams djihadistes violents, qui semblent gagner du terrain en Tunisie, et pousser comme des champignons.

Nul doute non plus que dans cette période troublée, les appels du pied de Rached Ghannouchi à la mouvance extrême de son parti et ses réclamations incessantes pour que la charia soit inscrite comme source de la constitution ne font qu’envenimer une situation dont le peuple est otage. Une chose est sûre, djihadiste est un métier en plein essor et qui n’est pas touché par le chômage, qui sévit pourtant si durement dans le pays. Cheikh Ghannouchi y veille, et il ouvre grand ses bras à ses « enfants » salafistes. Hammami s’y est probablement blotti dès sa descente de l’avion.

Par Marie Jeanne Kimberlay

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