« Ce n’est pas un boulot dont on renonce, comme le pape! ». Helen Mirren, formidable Elizabeth II imaginée par Stephen Frears rempile… Et fait salle comble au Gielgud Theatre depuis début février dans The Audience, une pièce mise en scène par Stephen Daldry, célèbre réalisateur anglais de Billy Elliot, The Hours avec Nicole Kidman ou encore The Reader avec Kate Winslet. Du « lourd » pour retrouver Elizabeth non pas au soir de la mort de Diana comme dans The Queen mais tout au long de sa vie à travers les « audiences » qu’elle donne depuis son couronnement à ses PM (premiers ministres). Douze hommes et une femme, ses » douze salopards » qui vinrent chaque semaine lui livrer les grands problèmes de ce monde sans qu’elle ne puisse y interférer. Car c’est toute cette « invisibilité pour exercer le boulot le plus visible qui soit » que la pièce (jouée à guichets presque fermés-tentez votre chance à part le samedi soir) aborde avec des remarques cinglantes d’une reine tantôt fragile tantôt souveraine. De sa complicité avec Wilson- son préféré qui avait son plaid attitré à Margareth Thatcher, odieuse et suffisante, parlant fort et n’écoutant qu’elle même, les époques se suivent et ne se ressemblent pas, sauf pour cette figure inamovible de reine qui a toujours affirmé « le premier ministre a mon soutien absolu » . On découvre aussi une femme profondément humaine, dans laquelle Wilson voyait même une bonne « labour woman« , presque prête à voter socialiste au nom des Droits de l’homme mais n’allant quand même pas jusqu’à prôner la révolution qui « n’est jamais venue jusqu’ici, la chose est appréciable… »
Humour et flegme britannique
Autant dire que l’humour est ici très recherché, dans les répliques ou dans le jeu comme lorsqu’elle décroche son téléphone pour qu’on lui apporte un livre, entourée de vrais corkis- ses chiens- qui gambadent sur la scène. La mise en scène fait appel par ailleurs à son double encore jeune fille pour des passages pleins de nostalgie, qui brisent les échanges côte à côte qui deviendraient trop répétitifs. « Faire la guerre pour garder la paix » comme avec le Canal de Suez, c’est toute l’histoire du XXème siècle qui est également abordée devant une salle constituée de la bonne bourgeoisie londonienne. Et qui rit particulièrement avec Cameron, arrivant maquillé « comme Blair! » et parlant jusqu’à ce qu’elle pique du nez, à moins qu’une sonnerie de portable « Gnamgnam style », ce tube coréen, ne retentisse…dans son sac! « Mes petits enfants » s’excuse-t’elle… »Qui aime bien se moque bien » pourrait-on conclure, étonné de ne pas devoir se lever lorsqu’Helen Mirren entre en scène tant la ressemblance est frappante. En tous les cas, pour le salut, la salle est debout. God save the Queen!