21 mai 2014
Tancrède illumine le Théâtre des Champs Elysées

TANCREDI -

Les femmes à barbe ne sont pas seulement à l’Eurovision mais depuis ce lundi également sur la scène du très chic Théâtre des Champs Elysées. L’époque n’étant plus aux castrats, c’est effectivement, après la mythique Marilyn Horne, la contralto québecoise Marie-Nicole Lemieux- méconnaissable- qui incarne le rôle masculin de Tancrède dans l’opéra éponyme de Rossini. Voilà qui n’est pas son opéra le plus connu et pourtant quelle merveille que cet opéra seria en deux actes, écrit à 21 ans, et dont le compositeur italien renouvela avec bonheur le genre en racourcissant les récitatifs autour d’une histoire d’amour- forcement contrariée- sur fond de guerre et de trahison. Amenaide que son père a promise à Orbanazzo aime Tancrède et pour le sauver, devra se sacrifier « Je saurai mourir »; bref rien de très nouveau dans cette tragédie qu’imagina Voltaire sauf que le couple formé avec Tancrède prend une lumière particulièrement belle lorsque c’est Patrizia Ciofi (merveilleuse Lucia di Lamermoor à Bastille l’an dernier) qui lui donne la réplique. Leurs duos comme L’aura che intorno spiri au premier acte et Ah si mora au second, où voix contre-alto et soprano se mêlent est un pur plaisir servi par la mise en scène inspirée de Jacques Osinski, notamment pour l’ entrée des choeurs; à la fois intelligente et bienvenue, elle resitue l’opéra dans un décor de Société des Nations où les hommes portent costumes et les femmes tailleurs et robes de soirées. L’histoire finira tragiquement- Rossini avait écrit deux fins dont une heureuse sous la pression vénitienne- avec sur la scène parisienne un Tancrède mourant « Oh Dieu, je dois te quitter » aux côtés de son aimée, devant un public ravi par une soirée qui, il est vrai, fut des plus heureuses, malgré la chaleur dans la salle en cette soirée estivale…

LM

Tancrède de Rossini jusqu’au 27 mai 2014 au TCE

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