Le 15 mars prochain, cela fera neuf ans que la Syrie est en guerre. 500 000 morts, des milliers d’opposants exécutés ou pendus et la moitié de la population condamnée à fuir dans les pays limitrophes, le plus souvent parquée dans des camps insalubres. Au moment où le mot est à la mode, on pourrait parler d’une « pandémie » de la haine; le rejet de ces réfugiés semble s’étendre de plus en plus, inexorablement, sur terre comme sur mer, dans les pays riches comme dans les pauvres. La peur fait ses ravages. Syriens mais autres réfugiés fuyant dictature et misère économique mettraient nos vies de privilégiés en danger; attaques au couteau, viols, « patient zéro » contaminant toute l’Italie, les extrêmes droites européennes en font leur miel. Au même moment, la mise en place d’un couloir humanitaire refusé par les gouvernements européens dont la France après les bombardements du Président Assad, soutenu par les russes sur la ville d’ Idlib, un million de Syriens convergent vers la Grèce, constituant la plus grande vague de déplacement humain depuis la seconde guerre mondiale. Mais depuis les images de la Grande Exode en 1940, les pleurs de la petite Brigitte Fossey dans Jeux Interdits perdant ses parents dans un bombardement, l’amnésie règne. Plus aucun de nous ne semble non plus se souvenir de ce petit garçon- il s’appelait Aylan- échoué sur une plage de Bodrum alors que les habitants de Lesbos, en Grèce, chassent réfugiés mais aussi journalistes pour qu’il n’y ait pas d’images. De toutes les façons, le monde regarde ailleurs. Son voisin qui tousse, son thermomètre, ses actions qui plongent, l’empathie n’a jamais été aussi absente. Ainsi, pour les Syriens et tous ces migrants, le virus de la xénophobie et de l’indifférence l’a depuis longtemps emporté sans aucun espoir d’en trouver prochainement le vaccin.
Par Laetitia Monsacré