En ces temps incertains où l’Amérique menace de réélire un fou furieux, « sauvé par Dieu » et objet de multiples plaintes qui auraient du l’envoyer en prison à vie; où la France se retrouve avec des politiques qu’elle avait pourtant désavoué dans les urnes; où le réchauffement climatique s’impose douloureusement au monde entier, pays riches comme pays pauvres; où un génocide est en cours alors qu’il est connu de tous, la solution vient peut-être d’un peintre hollandais du XVIIème siècle, Frans Has. Son nom ne vous dit rien, normal, il est aussi inconnu que son oeuvre est grande; Rembrandt s’en est inspiré puis tous les autres, de Courbet à Van Gogh. Il faut dire que celui qui fut le Bach de la peinture, inventant le modernisme avant tous, n’a jamais cherché la célébrité. Quasiment aucun autoportrait n’existe de lui; ses toiles, c’était pour donner vie aux autres qu’il les peignait. Emplies de joie de vivre, il avait choisi d’y montrer les notables ou les marginaux en train de sourire. Car comme chacun sait, le sourire est entraînant, tentez l’expérience dans la rue. En peinture, la chose est difficile; il faut être à l’écoute du monde pour faire apparaitre la vie intérieure de ses personnages comme cette Malle Babbe, une handicapée mentale où le coup de pinceau se fait délié, virtuose. Sourire pour supporter les aléas de la vie, l’art comme refuge à la dureté de l’existence, lui qui avait eu quatorze enfants, tous morts avant lui et qui avait des dettes chez le boucher ou le boulanger. Une fois, il avait payé avec un tableau son pain mais cela n’avait pas suffit. L’histoire est injuste: on se souvient de Vermeer et de Rembrandt, pas de lui. Heureusement, la National Gallery à Londres puis le Rijksmuseum avant la Gemäldegallerie de Berlin lui rende enfin hommage cette année. De quoi donner envie de l’imiter et face à ce qui arrive, choisir d’en sourire. Bel été.
Par la rédaction
Retrouvez l’oeuvre de Frans Hals dans le documentaire Le maître des sourires sur Arte replay