Dave Heath est un photographe mais aussi un poète. Influencé par Eugene W. Smith et par les maîtres de l’école de Chicago dont Aaron Siskind et Harry Callahan, sa photographie est avant tout une manière « d’attester de sa présence au monde en reconnaissant en l’autre un alter ego absorbé dans ses tourments intérieurs ». Il sera l’un des premiers, dès les années 1950, à exprimer aussi radicalement le sentiment d’aliénation et d’isolement inhérent à la société moderne. L’exposition « Dialogues with Solitudes » est une série de portraits issus d’un livre publié en 1965, considéré comme son livre majeur. Tirées en noir et blanc très contrasté et à la lumière douce, les portraits en cadrage parfois très serrés sont extraits de la foule. Ils dégagent l’âme de chacun, la solitude au milieu de la foule. Dave Heath photographie les passants dans les rues américaines : « la ville moderne est une scène, les passants des acteurs qui ne jouent pas une scène mais sont eux-mêmes cette pièce ». Aucun indice de lieux ou de temps, mais une expérience au monde, une tension, une promiscuité des corps et un isolement des individus. Des visages photographiés au plus profond de l’expression de l’être et qui dans leur solitude se rejoignent. Les photographies, rythmées par de la poésie, dialoguent entre elles. Seuls dans la foule mais présents au monde…La beauté et la poésie de ces visages sont tout aussi frappantes qu’elles nous renvoient à notre propre solitude.
Par Karine S. Bouvatier
L’exposition est mise en parallèle avec trois films du cinéma indépendant sur la solitude « Salesman » de Albert et David Maysles et Charlotte Mitchelle Zwerin (1968), « Portrait of Jason » de Shirley Clarke (1966) et « The Savage Eye » de Ben Maddow, Sydney Meyers et Jospeh Strick (1960).
« Dialogues with Solitudes », de Davide Heath jusqu’au 23 décembre 2018 au Bal, 6 impasse de la Défense 75018 Paris