6 avril 2012
Solidarités mystérieuses

Après « Je vais bien, ne t’en fais pas » et « Welcome »-deux films où la délicatesse des sentiments faisait naître une émotion abrupte, Philippe Lioret revient avec l’adaptation d’un des plus beaux livres de l’an dernier, « D’autres vies que la mienne » de Emmanuel Carrère. Celui-ci recevant son prix Renaudot mercredi dernier nous confia être très heureux du résultat. Philippe Lioret a pourtant écrit un scénario bien différent du livre, ne se concentrant plus que sur l’amitié née d’un même combat-le surendettement-entre deux juges,Vincent Lindon et Marie Gillain. Un troisième acteur s’invitera, le cancer, cette maladie qui arrive « chez les gens dont le noyau est fissuré pratiquement depuis l’origine,(…) ces gens qui naissent pécheurs, qui naissent damnés, et que tous leurs efforts, tout leur courage, toute leur bonne volonté n’arracheront pas à leur condition. Alors que la maladie mortelle et la mort puissent être pour ces gens là une chance de vivre enfin, je le crois » écrivait l’auteur qui revenait dans ce livre sur ce drame ayant touché sa propre famille. Un autre écrivain, Pascal Quignard vient d’écrire un beau livre dont le titre « Les solidarités mystérieuses » décrit à merveille la relation généreuse et platonique liant cet homme et cette femme qui seront dans leur métier rejoints malgré eux par leur vie privée. Et là où Philippe Lioret est un metteur en scène des plus inspirés, c’est dans tous ces silences, ces jeux de regards- Lindon est un champion pour cela-qui en disent plus long que des pages de dialogues. Lioret filme sans graisse, à l’os et cela fait du bien surtout lorsque l’histoire permet de suivre des gens biens- que ce soient les seconds rôles tous impeccables, ou l’héroine qui, malade  prépare le terrain à celle qui prendra sa place auprès de son mari et de ses enfants.  Ou encore ce juge qui lui offre la solution juridique en lui faisant croire qu’elle l’a trouvé toute seule. Et si l’on peut dire que le film finit mal-avec la mort de cette jeune femme que Marie Gillain habite avec grâce et évidence, il illustre cependant avec beaucoup de lumière la victoire des petits sur les grands et celle de l’espoir que l’on doit mettre dans les choses quel qu’en soit le résultat final. Respect et merci Monsieur Lioret.

LM

 

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