Alors que le Brésil traverse actuellement une crise sans précédent, Rio garde toute sa magie, sa douceur et sa grâce. Capitale culturelle du Brésil (deuxième plus grande ville après Sao Paulo), elle continue de nous enchanter. Les airs de Chico Buarque berçent les balades le nez au vent sur la plage d’Ipanéma. Alors que le soleil est encore haut quelques joggeurs sont déjà sur la promenade qui borde la plage…Les vagues sont dignes de celles de Biarritz. Dès l’aube, l’agitation démarre …marchands venus des favellas, buvettes en tous genres, vendeurs à la sauvette de chapeaux, glaces, lunettes de soleil, robes colorées d’été ou encore tatouages déambulent… même quelques tables de massage s’improvisent. Les brésiliens ont non seulement le sens du commerce mais aussi une grande gaité en eux. Ils repèrent vite les touristes auxquels ils proposeront une chaise longue et deviendront alors comme leur “personal waiter” d’un jour en se mettant à leur service (pour aller chercher un jus de noix de coco, une crème etc..…) contre un pourboire. Mais attention, Rio reste Rio. Interdit de sortir avec bijoux, montre ou encore appareil photo. Uniquement le strict minimum est nécessaire pour la plage.
Du Christ au Musée de demain
L’insécurité est là malheureusement même si l’ambiance reste chaleureuse et décontractée. Il fait chaud et humide, une atmosphère des années 60-70 règne, l’architecture n’a pas beaucoup changé, on apercevrait presque Belmondo dans L’homme de Rio.
Petite virée au Corcovado (le Christ Rédempteur ), symbole de Rio qui a fêté ses 80 ans en 2011. Balade au “Musée de Demain” inauguré en 2015 par Dilma Rousseff et conçu par l’architecte Santiago Calatrava Valls. Ce musée, situé dans la zone portuaire, en pleine rénovation urbaine est consacré à la création de l’Univers et à l’avenir de l’humanité, à toutes les questions environnementales. Architecturalement parlant, il donne l’impression d’être un navire avec de grandes voiles qui affronte les flots. A ne pas rater juste à côté du musée, les plus grandes et éblouissantes fresques du monde réalisées par le street artist brésilien Eduardo Kobra en hommage aux Jeux Olympiques et aux différences entre les peuples du monde. L’oeuvre représente plusieurs visages comme des symboles des peuples indigènes de chaque continent (les Mursis d’Ethiopie, les Karens de Thailande, les Tapajos du Brésil, les Samis d’Europe et les Huli de Papouasie Nouvelle Guinée). Enfin, le Jardin Botanique est une merveille. Une forêt abrite d’innombrables espèces tropicales dans un jardin luxuriant. On y aperçoit des toucans et des singes et le Café du Lage, au coeur du jardin, permet de faire une pause agréable dans un havre de paix, loin de l’agitation urbaine. A ne pas rater non plus l’Instituto Moreira Salles, un bâtiment blanc moderne qui abrite une importante collection d’art brésilien avec une salle d’exposition temporaire toujours d’un très grand intérêt ainsi qu’une importante collection de photographies de la ville de Rio de Janeiro (ancienne et contemporaine), une bibliothèque, un cinéma et une cafeteria très agréable.
Rio, une destination qui l’on savoure avec délectation. Afin de rendre le voyage unique, il faut aussi prendre un vol pour le Nordeste en direction de Sao Luis (Saint Louis, c’est là que les français débarquèrent au Brésil) pour ensuite atteindre le désert des Lençois.
Sur la route des sables
Dans l’ouest du Nordeste, les Lençois sont ce paradis Brésilien que l’on survole souvent en avion et qui du ciel ressemble à des draps blancs (d’où le nom de “lençois” en portugais qui signifie draps). Situé dans une réserve naturelle de plus de 150 000 hectares, il faut marcher dans le désert pour en sentir toute la puissance et la beauté. Des treks de trois ou cinq jours sont organisés dans ce désert de sable blanc parsemé de lagunes d’eau douce transparentes et chaudes. Levé alors qu’il fait encore nuit pour marcher jusqu’au soleil de 11 heures, avant la canicule, dans un désert de sable blanc à perte de vue formé il y a 10 000 ans par les alluvions du fleuve Parnaíba. Celles-ci charriées jusqu’à l’océan Atlantique, et repoussées par les marées vers la plage, puis par les alizés vers l’intérieur des terres s’agglomèrent jusqu’à former une dune. Il n’y a personne.
La nature est là, belle et imposante. Sobre. Constitués de dunes, de lagunes transparentes et de deux oasis, les Lençois sont un désert qui se mérite. Il offre un décor tout aussi poétique que spectaculaire.
Dans sa partie la moins accessible, appelée la «zone primitive», quelque 150 habitants forment, depuis quatre générations, une communauté répartie entre deux oasis voisines, Queimada dos Britos et Baixa Grande. Après 5 à 7 heures de marche, arrêt dans l’un des oasis, chez l’habitant pour déguster un poisson grillé ou encore un poulet avec haricots rouges et riz. La nuit sera paisible et douce dans un hamac.
Paysages lunaires, d’une blancheur étonnante. Contrastes de gris, de bleu, de blanc et vert, le désert appelle au silence et à la méditation, la marche appelle l’échange et le partage, le lien est recréé. On peut se baigner dans les lagunes dont le sol d’argile est doux au pied.
Un moment d’exception qui rappelle que nous sommes bien peu de choses face à l’immensité. Heureux les brésiliens qui préservent cet espace.
Texte et photos Par Karine S. Bouvatier
Le désert des Lençois
La plage de Ipanéma vue du Caesar Park Hotel
le street artist brésilien Eduardo Kobra