Sans voix

Dans un scénario, les dialogues, « ce doit être la cerise sur le gâteau ». Celui de The Artist- une cinquantaine de pages écrit en gros- respecte à la lettre ce conseil  donné par le  génial Robert MacKee, script doctor à Hollywwod et animateur de masterclass bluffantes sur l’écriture de scénario. Et pour cause: il y a dans le film de Michel Hazanavicius à peine une dizaine de répliques sur une heure quarante! Un film quasi muet mais un scénario écrit au cordeau et des acteurs qui donnent à voir ce que les professionnels appellent le sous-texte- c’est à dire tout ce qui n’est pas dit mais exprimé par le corps, le visage, les yeux- avec un talent plus que rafraichissant. Et lorsqu’il parlent sans qu’on les entendent, c’est un bonheur intellectuel certain pour le spectateur que d’imaginer ce qu’ils se disent avant qu’un  panneau en  plein écran n’offre au spectateur tel un joli paquet cadeau- la version écrite par le  réalisateur.  De là nait une jubilation certaine à suivre les aventures de cette jeune première-Bérénice Béjo -étourdissante de fraicheur et de peps – face à Jean Dujardin, magistral en comédien à la gloire déclinante parce qu’il refuse de parler. Il est difficile de décrire toutes les trouvailles ô combien visuelles-la scène du porte manteau, de la vitrine avec le smoking ou du pas de danse séparé par un écran qui font de ce film avant tout une oeuvre à voir, qui laisse sans voix devant toute cette créativité, intelligence et maitrise. Filmé dans les studios d’ Hollywood,  le tournage de ces frenchies qui s’amusaient à refaire un film muet comme au début des années 20 a parait-il rapidement créé le buzz. Sélectionné à Cannes contre toute attente, Palme d’Or si le président du Jury, Robert de Niro avait été seul à décider, The Artist est en course pour les Oscars et prouve que Thomas Langman a eu raison de faire confiance à cette équipe dans laquelle il convient de ne pas oublier de citer Ludovic Bource qui a composé la bande originale et  Huggy,  le Jack Russel qui confirme aux cotés de Jean Dujardin, que le chien est le meilleur ami de l’homme.

LM

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