Salut Charles

Il aurait sans doute aimé mourir sur scène. Mais c’est dans sa baignoire, à 94 ans, que Charles Aznavour s’est éteint, confirmant par les hommages rendus- dont un national aux Invalides vendredi- qu’il était un de nos monuments nationaux, reconnu à l’étranger comme rarement le sont les chanteurs français. Et même si l’on avait fini par moquer ses tournées d’adieux n’en finissant plus- il devait se produire en novembre à la Seine Musicale- rares sont les français qui n’ont pas grandi accompagné par une de ses chansons, au total plus d’un millier. Parolier hors pair, il savait s’adresser à tous, et sur tout, avec une prédilection pour l’amour. Cela, après avoir eu le courage d’endurer à ses débuts une presse hostile, moquant sa voix et son physique qui ne l’empêcha pas de devenir un comédien reconnu avec quelques soixante films à son actif. Après avoir été le secrétaire et chauffeur d’Edith Piaf, c’est en 1960, à l’Alhambra de Paris, qu’il crée Je m’voyais déjà et connait enfin la reconnaissance à l’âge de 36 ans. Il enchaîne alors les tubes : Tu t’laisses aller, Il faut savoir, les Comédiens, la Mamma, Et pourtant, For Me Formidable, Que c’est triste Venise ou encore Emmenez-moi. De quoi être qualifié de Franck Sinatra français lui qui aimait tant les chanteurs outre Atlantique: «  les Américains savent imposer une chanson lente. Quand ils parlent de « soul », ils font référence à une manière d’aborder les choses. Voilà pourquoi Aretha Franklin a pu dire que j’étais le seul chanteur soul français. Etre décontracté, ça permet de faire beaucoup de choses sur scène.». Sa petite taille ne l’empêcha ainsi jamais d’occuper l’espace et de voir repris par ses fans des chansons que tous les amoureux se sont un jour fredonnés. Barbara, Brel, Aznavour, c’était une époque et plus que sur le grand Charles, c’est sans doute sur celle ci que nous pleurons.

AW

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