30 mai 2024
Rafah, si loin de Cannes et de l’Europe

Toujours et encore des bombes. L’extermination- le terme de génocide est depuis apparu- des Palestiniens par l’Etat israélien ( implacablement résumé par Guillaume Meurice en traitant Netanyahou de « sorte de nazi sans prépuce » sur France Inter, ce qui lui a valu des menaces de mort et une mise à pied sine die) continue. Ce que l’on trouve obscène dans le conflit russo-ukrainien-une bombe qui tombe sur une grande surface de bricolage- est annoncé façon « brève » (nom que l’on donne en journalisme à ce que l’on mentionne sans le traiter) lorsqu’il s’agit d’un camp de déplacés palestiniens à Rafah. Et si les images de corps allongés de pauvres consommateurs ukrainiens passent en boucle, celles des civils-prisonniers de Gaza restent absentes; on montre des blessés ensanglantés, mais jamais des morts. Les médias utilisent systématiquement le conditionnel, « aurait fait x victimes » et aucune mention à ces crimes de guerre quotidiens ne parait entendable sans citer auparavant le 7 octobre 2023 et les otages. Pour rappel, on parle ici d’un millier de personnes qui se sont trouvés au mauvais endroit au mauvais moment à comparer aux plus de 35 000 victimes palestiniennes dont douze mille trois cent enfants, qui ont également eu cette malchance qui n’en est pas une.

L’Europe divisée

Y aura-t’il un jour un film sur « cet enfer, pire qu’Alep » selon Raphaël Pitti, chirurgien urgentiste chez MSF? France Télévision, rappelons-le service public, a déroulé le tapis rouge-c’est le cas de le dire-à Cannes, avec Anne-Sophie Lapix en envoyée spécial pour le 20h et la délocalisation de ces émissions comme C à vous ou La grande librairie. Parade, là-encore obscène, de robes de gala et autres fêtes tardives sur les plages sponsorisées. Au milieu de cette quinzaine de réjouissance, l’information tombe que la Cour pénale internationale de justice lance un mandat d’arrêt contre Netanyahou qui ne risque pas de quitter son cher pays et qu’Emmanuel Macron ne juge pas le moment opportun pour reconnaitre l’Etat palestinien, à la différence du gouvernement espagnol ou norvégien. De quoi confirmer que l’on est encore loin de l’Europe politique et unie à la veille du scrutin pour élire les députés du Parlement européen. Et de se poser une question: à quoi servent-ils?

Par Laetitia Monsacré

 

P

Photo de Mohamed Salem pour l’agence Reuters, gagnant du prix mondial de la photo 2024

Articles similaires