Voilà un livre qui vous rendra heureux. Ou, à défaut, enrichira, sans effort, votre culture générale des Évangiles au Coran, en passant par Platon ou Spinoza. Etre heureux, un cadeau des dieux ou un effort sur soi-même? Face « au sentiment de l’absurdité de la vie », toutes les religions et les philosophes se sont penchés sur cet « état de satisfaction » selon la définition du Larousse. Associé à la croyance en un tout puissant, « encourageant à jouir de l’existence »pour le judaïsme mais ne le promettant aux vertueux que dans « l’au-delà » dans le christianisme ou pour les musulmans-sic, les philosophes y voient tantôt « l’acceptation sans réserve de son sort » (les stoïciens) quand les cyniques appellent à se rapprocher de l’état de nature tout comme Rousseau qui voit en elle, « un refuge », permettant d’accéder au bonheur en soi-même tout comme y invite « par la joie » Spinoza , et en rien d’autre. » Travailler sur soi-même » voilà qui rejoint Diogène et Aristote, prônant la recherche d’un « juste milieu » grâce à « la raison » dans la droite ligne de son maître Platon qui conditionne le bonheur à « une hiérarchie rigoureuse entre le corps et l’âme » où l’intellect prédomine. Voilà qui ne plait pas du tout à Aristippe de Cythère qui lui, parle jouissance corporelle en « acceptant les émotions et les sensations que procure le plaisir », deux cents ans avant Rabelais et son Abbaye de Thélème où n’existe aucune règle, ni horloge, « Fais ce que tu voudras ». Montaigne est plus mesuré, « du plaisir, oui, mais maîtrisé », ajoutant la notion de « flexibilité » face à une « vie dure et cruelle ». Voire « le fruit de la volonté » pour Alain. Vous l’aurez compris, Catherine Golliau a fait un remarquable travail de clarification dans ses présentations de chaque chapitre auxquels elle ajoute un extrait des textes originaux s’y référant. Qu’elle en soit remerciée et « heureuse » pour cela.
LM
Les Maîtres du bonheur de Catherine Golliau aux éditions du Cerf, 20 €