« Y-a-t’il beaucoup de suicides dans le métro en Russie? » Voilà le genre de conversation que l’on pouvait entendre avant que ne débute ce Noureev and friends avec un quart d’ heure de retard suite à « un accident de personne sur la ligne de métro 1 », ayant bloqué nombre de spectateurs. La salle du Palais des Congrès est toutefois restée au 1/3 vide pour ce qui fut pourtant une magnifique façon de clore cette saison 2012-2013. Le principe de gala où l’on ajoute tel un millefeuille les performances des danseurs est légion. Le public adore, n’ayant jamais le temps de s’ennuyer tandis que les danseurs y obtiennent de confortables cachets. Oui mais voilà, malgré cette salle bien peu chaleureuse, offrant très peu de recul et de perspectives, ce fut une chose unique que de voir ce samedi soir des danseurs époustouflants venus de Londres ou de Moscou; comparer les styles ou jusqu’à la forme des pointes. Et tenter de reprendre son souffle face à ce programme qui restera sans doute d’anthologie tant il offrit aux spectateurs la chance rare de voir des danseurs de toutes nationalités, exceptionnels de virtuosité et qui n’eurent pas à souffrir de la comparaison avec les images sur grand écran du Dieu Noureev. Le voir voler comme un oiseau ou chalouper tel un chat, revoir ce visage incroyable de vivacité et cet homme qui, après Nijinski a marqué comme nul autre le XXème siècle, dansant sans répit dans le monde entier jusqu’à revenir enfin à 50 ans dans son pays, pour remonter sur la scène du théâtre Marinski dans le rôle de James de La Sylphide.
Un voyage à travers le temps et l’Europe
L’école russe, elle fut magistralement représentée par Evgenia Obrazstova, étourdissante Aurore dans La belle au bois dormant, le très beau couple Daria Vasnetova et Evgeni Ivanchenko dans Le lac des cygnes ou encore Vadim Muntaginov, qui n’est pas sans rappeler un certain Rudolph dans sa prestation inspirée du Corsaire. La France était représentée par Mathias Heymann, impérial, Aurelie Dupond (malheureusement pas vue) et Myriam Ould-Braham qui fit une impeccable Raymonda. Enfin, une mention speciale à la ravissante Tamara Rojo qui danseuse à l’English National Ballet de Londres dansa avec une sensualité et un abandon sublimes ses rôles de Manon et Marguerite. Quant aux chorégraphies contemporaines, ce fut en ouverture Jiri Kylian et sa Petite Mort, merveille créée en 1991 sur deux concertos de Mozart interprétés au piano sur la scène par Olga Jegunova et dansé par le ballet de l’Opéra de Bordeaux dont l’initiateur de la soirée, Charles Jude est le directeur. Bravo à lui pour ces deux soirs qui seront par ailleurs à revoir en DVD et projetés dans des cinémas pour fêter dignement, après l’Opéra de Paris (lire article) le vingtième anniversaire de la mort de ce géant de la danse.
LM
Noureev and friends- Palais des Congrés-30 et 31 mai 2013 infos