Etait-ce pour offrir aux Américains une happy end comme ils les affectionnent? Voilà en tous les cas un opéra de Puccini qui finit bien. Nul suicide sacrificiel de Cio Cio San comme dans Madame Butterfly (à retrouver à partir du 14 février à Bastille) ni mort des personnages principaux comme dans Tosca ou de la pauvre Mimi dans La Bohème. Cette fois Minnie et son amoureux, Dick Johnson pourront repartir ensemble, victorieux de bikers-mineurs qui auraient pourtant bien aimé trucider ce dernier. Il faut dire que tous ces frustres sont amoureux de cette femme intrépide qui leur lit la bible et apporte un peu de douceur dans leur monde de brutes, à l’image de sa caravane, magnifique Airstream tout de rose capitonnée, gardée par deux bambis, tout droit sortis de Walt Disney. Des « oh », des « ah »: à chaque lever de rideau, devant le public pourtant souvent blasé de Bastille (rajoutez en plus que c’était une soirée Arop-lifting improbables et costards cravates pressés d’aller souper à peine le rideau tombé), la mise en scène particulièrement créative de Nikolaus Lehnhoff fait mouche devant un public conquis.
Dollars et Metro Goldwin Mayer
Sa transposition du saloon en bar de bikers, avec Hollywood et Wall Street en toile de fond pour adapter ce western « musical »créé par le compositeur italien pour s’attaquer au nouveau monde est une vraie réussite, servie par ailleurs par une distribution de premier ordre avec la soprano suèdoise Nina Stemme, « walkyrie » version californienne, à la voix stratosphérique sans peur et sans reproche. Bref, une très belle production qui fait entrer au répertoire cet opéra pratiquement jamais joué en France. Quant à Andrew Llyod Weber, célèbre auteur de comédies musicales, il semblerait que la déclaration d’amour de Dick à Minnie ait bien inspiré son air de « Music of the night » dans The Phantom of the Opéra. On ne prête qu’aux riches…
LM
La Fianculla del West de Puccini, à l’Opéra Bastille jusqu’au 28 février