6 février 2012
Présidents bâtisseurs

Laisser sa trace, dans la pierre. Depuis 1958, chaque président a souhaité exprimer la puissance, de la France ou la sienne avec des monuments, « miroir de l’histoire » selon le journaliste Alain Duhamel, ou « défi avec la mort » selon le psychologue Jean-Pierre Winter. Tous deux sont interviewés dans ce documentaire qui revient sur ce qu’on appelle les grands travaux présidentiels. Le Général de Gaulle lui, n’en eut pas besoin-sa grandeur était de fait. Georges Pompidou, féru d’art contemporain, jeta son dévolu sur ce qui était un parking et à l’issue d’un appel d’offre auquel il n’eut pas mot à dire, vit l’architecte Renzo Piano être choisi-le seul à avoir utilisé la moitié seulement de l’espace- pour ce centre Beaubourg dont il ne vit pas l’achèvement. Et si Georges Pompidou ne fut pas vraiment convaincu par le projet, Valéry Giscard d’Estaing, son prédécesseur, fut carrément tenté de le stopper net. On apprend ainsi que c’est Jacques Chirac qui, mettant sa démission en balance, sauva ce bâtiment. Le jour de son inauguration, nombre d’officiels s’étonnèrent « que l’on ait laissé les échafaudages! ».
La cité de la Villette fut, elle, le résultat du désir de Giscard, polytechnicien, afin de rendre hommage à la science tandis que le Musée d’Orsay était l’expression pure de l »art académique »-sans grand risque. « Griffer le temps », voilà ce que Mitterrand eut cœur à faire, préoccupé par la postérité; Institut du Monde arabe sur les quais dont plus un des moucharabiehs ne fonctionne aujourd’hui, mais qu’importe, le symbole perdure…Puis ce Grand Louvre, qui nécessitait le déménagement du Ministère des finances, alors avec comme ministre récalcitrant Edouard Balladur. Et pendant que Bercy poussait perpendiculaire à la Seine comme un péage-une première, rue de Rivoli, on faisait de la résistance. Mitterrand n’inaugura pas le mastodonte et fut sauvé par Chirac pour la Pyramide, lors d’une mise en perspective en soirée. La grande bibliothèque telle un cloitre, poussa à vitesse éclair, histoire d’être acquise avant la fin du septennat de Mitterrand, déjà malade et l’Opéra Bastille fut le résultat d’une méprise dans l’appel d’offres. De quoi le présenter comme un échec dans ce documentaire un peu ennuyeux qui conclut sur le Musée des Arts Premiers pour Chirac et rien pour Sarkozy-quinquennat de crise oblige selon les réalisateurs…

LM

Ma grandeur de la France -France 5- jeudi 9 fevrier 21h40

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