N’en déplaise au quotidien Le Monde, les humoristes ont dans cette campagne beaucoup à faire… et à dire. Cette soirée débutée avec Christophe Alévêque au Théâtre du Rond Point était ainsi un vrai bonheur pour qui vote…à gauche. Salle pleine à craquer, roulement de batterie et petits drapeaux installés à chaque place, il est 18h 30. Super rebelle monte sur scène sous les vivats. « Ça sent bon » dit-il avec un large sourire. Depuis 17 h58, le site de la RTBF en Belgique a en toute légalité annoncé que Hollande était en tête, suivi de Sarkozy puis Marine Le Pen, à 16%. » Merci de couper vos portables » n’a jamais eu autant de sens…« Sans préjuger de rien, nous avons une pensée pour toute cette France silencieuse qui s’est enrhumée la semaine dernière place de la Concorde ». Slip rouge enfilé sur son costume, une capevolée à Superman posée sur les épaules, Alévêque se lâche sur cette campagne où l’on a parlé de « la viande halal, des horaires de piscine et du permis de conduire »et qui a fait de nous tous « des grecs allemands ». La charge contre Sarkozy commence alors :« Je fais des fautes de français comme l’actuel président…encore pour quinze jours ». Les applaudissements fusent. Puis il se souvient qu’il est lui même candidat en ce printemps 2012, un an après le printemps arabe: « il n’y a pas de raison qu’il n’y ait plus que les arabes qui croient en la démocratie! », avec une explication de texte comme la recapitalisation qui consiste « à remplacer l’argent virtuel par de l’argent réel-le vôtre! ». L’occasion de revenir sur les débuts de la campagne »commencée avec la libido de Stauss Kahn » et « une statue à ériger à Nafissatou Dialo car sinon notre candidat aujourd’hui serait accusé de proxénétisme aggravé- ce qui correspond à toute les qualité pour être Président! », ajoutant « ne riez pas, sans elle, aujourd’hui, nous aurions piscine ! ».
Réveillez vous, on dirait un meeting du Modem !
La salle rit franchement, mise à contribution lorsque l’humoriste demande « Qui a voté Sarkozy? » en rallumant les lumières.« D’après les estimations interdites, il y en a quand même quelque uns… »Un assistant lui apporte un papier et là, Alévêque fait une grimace en disant qu’il y a un chiffre « pas beau », mais dont il ne dira rien car sinon « vous allez quitter la salle! ». L’humoriste improvise avec un talent certain ou lance ses saillies « en tous cas si l’on en croit la télévision belge, elle (Carla) va recommencer à chanter! Réflechissez bien… », s’amusant aussi des autres adversaires « là Bayrou n’est plus premier ministre, même plus ministre » avec comme explication pour son faible score « d’avoir tellement répété être au dessus du débat qu’il s’en est retrouvé en dehors ». Hollande? « Un robot avec un post it sur le front écrit « changement » serait élu!« . Un changement qui risque de n’être pas « pour maintenant , maintenant mais dans les cinq ans qui viennent ». Vous l’aurez compris même si l’humoriste est pour la gauche « Laissez moi prendre mon pied ce soir », pas question pour lui d’être un militant béat même dans les murs du théâtre dirigé par Jean Michel Ribes qui ne cache pas son soutien au candidat socialiste. Mais il est 20 heures, un écran descend sur la scène « on commence avec France 2 et après on va voir les putes (TF1) ». Rachida Dati est à l’antenne, la salle siffle, « calmez vous, elle va partir! » crie Alévêque. Sur Tf1, les visages de NKM et Copé sont sinistres face « aux deux vierges (Laurence Ferrari et Claire Chazal ) en blanc ». Puis le spectacle reprend ses droits avec un homme qui quitte la salle « un sarkozyste, il va se suicider… ». Alévêque finit, confiant même si en sortant les spectateurs commencent à commenter sur « celle qui a fait mieux que son père ».
4 candidats, 4 buffets
Et c’est justement du coté d’une piscine-l’Aquaboulevard- que Marine arrive une demi- heure plus tard où à l’entrée du restaurant l’Equinoxe-tout un programme-deux jeunes lépenistes trinquent bruyamment en répétant « Job is done, on a flingué l’UMP! ». Pin’s clignotant « J’aime Marine », stick ressemblant à du déodorant pour se mettre du bleu blanc rouge aux joues sont à disposition des invités pour écouter la candidate du FN se féliciter de « cette vague bleu marine qui fait trembler le système ». Devant un public de femmes chics et souriantes, la plupart ménopausées et de jeunes loups agitant des drapeaux, Marine entonne la Marseillaise en souriant. quelques petits fours au foie gras, saumon accompagnés de Cremant de bourgogne plus tard, autre ambiance chez François Bayrou dans son joli hôtel particulier de la rue de l’Université où charcuterie et plateau de fromage manque cruellement de ..pain. Heureusement, il y a du vin rouge contrairement à la Maison de la Mutualité où la gigantesque salle de presse, flambant neuve n’offre que des serveurs servant des verrines de légumes et attendant devant des bouteilles de coca- le président sortant n’aime pas le vin comme chacun sait… Un journaliste allemand se plaint de l’absence d’alcool tout en souriant en regardant la voiture présidentielle filmée sous toute les coutures par BFM TV – » En Allemagne, on ne voit pas Merkel dans sa voiture! ». Reste enfin dans cette carte du Tendre la rue Solférino où l’écran géant devant le siège du Parti socialiste s’est éteint tandis que le buffet n’est plus qu’un souvenir… » Les petits toasts étaient en tous cas beaucoup mieux qu’aux cantonales, me confie un militant. On sent la victoire… ». Résultat au second round.
Par Laetitia Monsacré
Marine est là, au milieu… Puis aux côtés de ses trois drapeaux.
Ambiance bobo pour la salle de presse de Bayrou, gigantisme pour celle de Sarkozy et très « socialiste » pour la rue de Solférino…