Viol : double peine, de la réalisatrice Karine Dusfour, c’est cinq femmes, cinq histoires différentes, et une même douleur insoutenable. Une même honte, aussi. Des mots qui reviennent sans cesse et une seule question : « Qu’ai-je fait pour que ça m’arrive à moi ? ».
Parce que le viol est le seul crime dont la victime se sente coupable, parce que le tabou est si fort que l’entourage le plus proche n’ose même pas en parler, à peine demander si ça va, Eve, Marion, Clothilde, Lisa et Audrey ont accepté de briser la loi du silence. Voyage au pays de l’indicible où nous emmènent ces femmes avec une force et une pudeur des sentiments qui n’ont d’égal que le courage dont elles doivent faire preuve au quotidien et pour s’ouvrir à nous.
Inconnus, seuls ou en groupe, ou pire, membres de l’entourage, ces hommes ont en commun d’avoir par la force, l’intimidation et/ou l’abus de faiblesse, réduit leurs victimes à l’état d’objet, leur faisant porter le joug d’une culpabilité qu’ils ne ressentent pas mais imposent.
Dénoncer pour se réparer
Et c’est de cette culpabilité, entretenant la terreur et le silence de la société, dont il est urgent de sortir en s’associant autant que possible aux associations et initiatives personnelles comme celle de ce père d’une jeune victime de viol collectif, qui se rend auprès d’élèves de collèges et de lycées. L’éducation comme arme contre l’horreur, mais aussi une façon pour lui de ne pas sombrer, que cette disparition n’ait pas été inutile.
« Plus un combat qu’un drame intime ». C’est ainsi que nous parle une de ces femmes. Combat pour sortir de la sidération, accepter de parler, de dénoncer, combat à mener pendant les années interminables que durent les procès, et toujours se battre pour tenir debout, refuser la déshumanisation et enfin essayer de se reconstruire.
Et c’est à ce combat que s’associe France Télévision dans le cadre de la Journée mondiale contre les violences faites aux femmes le 25 novembre prochain, en nous proposant ce second opus qui aurait peut-être gagné en force à être un peu plus épuré et avec moins de commentaires narratifs; le pari est toutefois réussi puisque l’on sort de ce documentaire avec le besoin irrépressible de faire changer les mentalités.
Par Marie-Jeanne Kimberley
« Viol : double peine » sur France 5 le mardi 20 novembre 2012 à 20h40
(Premier volet à retrouver dès à présent sur internet « Viol, les lois du silence », puis diffusion le 25 novembre sur France 2 du dernier opus, intitulé « Viol : elles se manifestent »)