Deauville, XXI ème arrondissement de Paris se met également tous les mois de novembre, après les ice cream de l’été et les films du festival américain, à la photo. Avec son bel espace face à la mer, le Point du Jour où l’accrochage est enfin digne de ce nom, accueille pour cette cinquième édition les avant/après de Bruno Barbey. En reportage dans la ville balnéaire en 1966, il a fait une série de clichés sur les élégantes de l’hippodrome de Touques ou des planches, le Bar du soleil, autant de lieux que l’on retrouve avec une nostalgie désabusée; tout ce que l’on a aimé dans cette ville et qui a tant changé, preuve à l’appui les nouveaux tirages datant de 2015. Une délégation chinoise posant à côté du maire de la ville pendant les courses, le bling bling s’est imposé, vulgaire, bariolé, obscène. Fi de l’élégance à l’exception toutefois d’un petit couple de vieux, tel un morceau d’espoir sur cet hippodrome où l’on n’entend désormais un horrible haut-parleur digne de la foire à la saucisse débiter continuellement à chaque meeting des informations inutiles.
Le « Conseil des sages » de la ville veille pourtant, hommes et femmes d’un autre âge présentés à coté de leur pompes-rires, grâce à un astucieux montage imaginé par Brian Griffin. Corinne Mercadier a, pour sa part, choisit la poésie avec Le ciel commence ici, véritables mises en scène à la plastique parfaite de femmes sur les planches. Le photographe Meyer a pour sa part mis en beauté les joueurs de Polo dans de magnifiques grands formats à découvrir dans les jardins face à l’Hôtel Normandie.
Enfin, c’est dans le couvent des Franciscaines, nouvel espace voulu par Philippe Augier et rénové à grand frais que le meilleur est à voir-enfin à tenter de voir. Pour sa seconde édition, la ville a en effet invité le public à profiter de la 25ème heure -le passage le 24 novembre à l’heure d’hiver- pour photographier » son » Deauville. Le résultat est époustouflant mais ne semble pas avoir mérité selon la mairie d’être valorisé en encadrant ne serait-ce les meilleurs clichés. Alors c’est dans une pièce minable, mal éclairée que l’on découvre la poésie, l’imagination qui fait aujourd’hui le bonheur des réseaux sociaux. Passer l’aspirateur sur les planches, y semer des sucres pour son chien, jeter du sable au vent suspendu à un réverbère comme Buster Keaton, toute la richesse des Deauvillais est là.
Dommage que Philippe Augier, loin des cocktails donnés dans les hôtels Barrière aux happy few et autres notables deauvillais ne s’en soit pas rendu compte. Reste que l’on a le maire que l’on mérite…
LM
Planche(s) contact jusqu’au 29 novembre 2015
Les deux premiers prix du concours, Julie Chaudron et sa vision du lobby du Normandy
au Brock Café, repaire des joueurs de Polo et jockeys vu par Wendy Falourd