Des années après la disparition tragique de la sœur de Hadrien Verneuil, retrouvée morte dans des circonstances mystérieuses, celui-ci, totalement brisé par cette perte inconsolable, décide de refaire sa vie à Bangkok afin de moins penser à sa douleur, tenter de l’apaiser. Il semble s’épanouir dans son métier de retoucheur photographique. Mais un jour, le passé refait surface et Hadrien doit faire face à l’individu susceptible d’avoir assassiné sa sœur. Dès lors, un seul désir l’animera : la soif de vengeance en faisant payer cet homme…
Pierre Stasse, jeune auteur de vingt-sept ans , évoque ici avec un style aiguisé et nerveux tel un match de boxe, la rage qui tourmente un homme et le pousse à vouloir se venger de celui qui aurait commis l’irréparable et incarne « la souillure » selon ses propres termes.
La Thaïlande, autre personnage du roman
Il décrit par ailleurs, en arrière-fond de son ouvrage, un pays -la Thailande- rongé par la corruption ainsi que les conflits d’ordre religieux : « l’incapacité de la civilisation islamique à tolérer le cosmopolitisme », menant à de véritables violences, causant un nombre incalculable de morts. Car c’est en proie au chaos et à la terreur que le pays est confronté. L’écrivain prend le parti de s’éloigner des clichés représentant la Thailande comme un endroit de rêve, bordé de plages paradisiaques et revient à une vision beaucoup plus réaliste du pays en y abordant également les désastres provoqués par les catastrophes naturelles qui ravagent la ville de Bangkok.
C’est avec une certaine angoisse, que le roman nous plonge dans un univers désenchanté où règne la censure et où la liberté est un mot illusoire : « La Thailande restait cette bête bien grasse sur laquelle tous venaient se goinfrer : il y avait une illusion de grandeur, une illusion de pays, mais la politique n’était ici rien d’autre que faire en sorte que chacun continue à trouver sa ration dans le banquet interminable ».
Un véritable roman « coup de poing ».
Par Elise DAVID
La nuit pacifique de Pierre Stasse, publié chez Flammarion, 18 euros