Il arrive qu’un sujet et des acteurs fassent oublier une piètre mise en scène…C’est le cas pour Un rapport sur la banalité de l’amour, pièce écrite par l’auteur argentin Mario Diament. Créée en 2009, elle raconte la passion qu’Hannah Arendt et Martin Heidegger eurent l’un pour l’autre, avec l’idée que « ce qui sépare les amants du monde qui les entoure, c’est le fait qu’ils soient dépourvus de monde » écrira la célèbre essayiste juive. L’auteur s’est inspiré de leur correspondance pour donner vie à des échanges d’une force rare entre deux êtres que tout sépare. Leur rencontre alors qu’Hannah est une jeune étudiante sous le charme de ce mentor admiré jusqu’à l’après-guerre où Martin Heidegger doit faire face aux tribunaux de dénazification.
Le grand philosophe a en effet cru, tout comme nombre d’intellectuels allemands que le salut de l’Allemagne viendrait de ce parti national socialiste qui avait à sa tête un certain Adolf Hitler. Ainsi, il cautionnera en acceptant d’être le directeur de l’université de Berlin le régime, la mise à l’écart des professeurs ou étudiants juifs. Impardonnable pour Arendt qui a dû fuir aux Etats-Unis après avoir goûté quelques jours aux camps. Et pourtant, elle sera toute sa vie durant attirée par cet homme qu’elle ne parvient pourtant pas à comprendre. Les mystères de la passion…Maïa Gueritte est absolument renversante dans ce rôle de femme déchirée qui reste en permanence « en conscience » tandis qu’André Nerman offre une très juste interprétation d’un homme amoureux et donc faible. De quoi faire oublier les vidéos mal jouées et inutiles qui ponctuent la pièce.
LM
Un rapport sur la banalité de l’amour au Théâtre de la Huchette