A l’intérieur de mon petit appartement, sous cette chaleur moite à l’odeur des étreintes d’une nuit, j’agonise lentement en me laissant flotter par les mouvements lents du vent. Mes pores te réclament. Sur le grain de beauté de ton épaule, d’un air solennel je voudrai y déposer un baiser.
D’un coup, mes yeux sont attirés par cette feuille, couleur eau, qui sert de déjeuner aux pages de ton livre préféré.
« Madame, vous souvenez-vous du temps ou égoïstement dans chacun de mes écrits vous vous cherchiez … Certes, quelques-uns étaient très explicites et gentiment rassurée, vous les trouviez magnifiques, sans aller plus loin. Il a fallu un rendez-vous manqué, d’un certain 14 juillet ou seule vous vous êtes retrouvé, aidé de votre fumée bien odorante, à demi-nue vous vous êtes introduite dans l’encre des mots. Soudain, le voile s’est levé et comme par magie, vous avez tout compris, tous ces délices recherchés depuis si longtemps, étaient couchés là sur ces strophes couleur piscine. »
Flashback, sur l’année passée, au mois de septembre, un dimanche, sur les berges d’un lac avant que l’orage n’éclate. Nous étions là, tous les deux, livrés à la nature. Toi assis, moi dans l’eau verte, je plongeais, chacun son aise, tu me regardais avec tes yeux reptiles, je m’amusais dans les profondeurs de l’eau couleur algue. Tu souriais, je riais.
Le ciel nous éclairait avec ses lanternes magiques, celles d’un feu d’artifice. Puis, il se craquela et déversa sur nos corps nus, des grêlons plus forts et plus gros au rythme de notre tempo à l’abri d’une tôle demie froissée. Ce songe me sort de cet immobilisme.
Petit à petit, le brouillard se dissipe, une nouvelle rafale bruyante ramène les images, les souvenirs pas encore totalement pansés.
A force de vivre en excès de vitesse, j’ai fini par rentrer au garage, tes gestes, tes pensées, ton odeur, ton fantôme.
Enfin, je me réveille de toi, un autre visage se dessine et je ne rêve plus te mettre la main au cul, quand ensemble nous marchions.
Simplement, je ne t’aime plus.