15 juin 2024
Ovidie/ De l’usage du chien

Ne vous méprenez pas, « de l’usage » renvoie à la classification des animaux, y compris dit de compagnie, à un objet par le Code civil; aucun droit, à peine moins que certaines femmes…Voilà pourquoi, la féministe auteur Ovidie, leur rend hommage à travers cet ouvrage, de son premier chien protecteur, en place d’un portable, à une époque où sa mère lui disait « Prend le chien » dès que la fillette sortait. Ovidie en profite pour remonter aux origines, il y a 15 000 ans où « le chien a autant fait l’homme que l’homme l’a fait chien ». Puis elle revient sur l’évolution commune et parallèle des chiens et des femmes, tous deux « condamnés à la domesticité et aux basses besognes », revenant sur les canidés qui ont « même developpé des muscles faciaux au dessus des sourcils, afin de nous attendrir ». Femmes-objet, chien-objet, « tous deux doivent répondre aux canons de la beauté ». Ovidie souligne également combien depuis toujours, la lutte animale a été l’engagement politique qui attire le plus les femmes, avec au 19ème siècle, la création de la SPA face aux fourrières où l’on invente les premières chambres à gaz; quand on n’assimile pas ceux qui ont de « l’affection exagérée » pour eux à des malades mentaux! « D’ailleurs, on entend encore cela de nos jours à propos des vegan, vu comme des bourgeois bohème deconnectés de la réalité, trop égoïstes pour se préoccuper du sort des humains, comme si les deux étaient incompatibles » ajoute-t’elle.

Chiens thérapeuthiques

Pourtant, deux millions d’animaux sont encore dans les laboratoire aujourd’hui, comme ces chiots beagle élevés comme des pièces détachés par cette ferme française de chiens cobayes. Pareil en 1910 où 30 000 chiens stambouliotes sont ramassés et jetés sur une île déserte, ce qui inspirera le film d’animation de Wes Anderson, L‘île aux chiens. Un canicide qui a depuis livré Istanbul aux chats présents à chaque carrefour. Ovidie évoque aussi Raziel, son bouledogue anglais, comment l’approche de sa mort l’a conduite à l’hôpital et comment on choisit l’euthanasie en fin de vie. « Avoir un chien, c’est vivre avec un compte à rebours parallèle », voici la mort qui s’invite trop tôt pour celui que Luther trouvait « le plus grand don fait par Dieu à l’homme ». Le chien serait thérapeutique comme ceux qui détectent avec leur odorat le cancer du sein ou plus simplement ceux qui sont les chiens d’une vie à l’image de Mabrouk pour Jean-Pierre Hutin, créateur de 30 millions d’amis. Avant Jim, il y a eu Jules, après eux, il y en aura d’autres. Vivre sans chien, ce n’est pas vivre.

AW

Assise, debout, couchée de Ovidie, publié chez Jean-Claude Lattès

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