Avant les vacances et son cortège de festivals, le soleil donne des envies d’échappées, quitter ce béton qui, s’il devient gris clair sous les beaux jours, n’en demeure pas la ville, bruyante, affairée et peu propice à la farniente. Malheureusement, à la faveur de ce printemps précoce, la maison de Monet à Giverny se prête déjà à la nostalgie après l’éclosion de ses milliers de bulbes, lilas en fleurs, ancolies et pivoines; ils enveloppaient encore en mai les visiteurs se serrant dans les petites allées avant de traverser la route par un tunnel pour découvrir des nymphéas devenus malgré le coassement des grenouilles bien moins poétiques que lorsque peints dans les toiles visibles au Musée de l’Orangerie ou Marmottan.
Le petit bourg qui longe la Seine, à une heure de Paris, mérite toutefois largement le voyage. C’est une magnifique exposition sur Degas que propose en effet le Musée des Impressionnistes avec des toiles souvent inconnues et un accrochage inspiré. Pastels, aquarelles, bronzes dont la célèbre Petite danseuse sortie pour l’occasion d’une collection privée, on redécouvre tout le talent du peintre dans un musée qui offre également une salle ludique en accès libre pour se délester de ses enfants et un restaurant donnant sur de magnifiques jardins structurés de buis et de roses. Non loin de là, l’ancien Hôtel Baudy est une adresse rare pour prendre un verre ou déjeuner sous les petites toiles laissés par les artistes de passage- mais bien sûr, plus les originaux lorsqu’il s’agit de Cézanne, Renoir, Sisley, ou Monet…Le jardin situé à l’arrière a gardé tout son charme, à l’écart des touristes, abritant encore un atelier d’artiste au charme suranné et une ancienne roseraie loin du merchandising qui règne dans la rue principale où la chance a voulu qu’elle soit trop étroite pour laisser passer voitures et autocar.
Moins privilégiée, la ville de Yerres offre au sein de la propriété des Caillebotte un havre de calme qui accueille en ses écuries rénovées une magnifique exposition dédiée aux Rouart, famille de collectionneurs et d’artistes dont Ernest qui eut la chance d’avoir pour professeur Degas, ami de la famille et pour épouse Julie Manet, fille d’Eugène Manet et Berthe Morisot. Sorties pour la plupart des propriétés familiales, les toiles présentées ici sont un enchantement et l’occasion de rendre hommage à tous ces lieux de vies qui sont désormais disparus comme la maison familiale de la Queue en Brie ou totalement dénaturés. Alors entre musées témoins d’un temps riche de félicité ou paysages devenus si rares pour un déjeuner sur l’herbe, à vous de voir, le vert est de saison.
AW