« On est plus fort que vous », « J’ai pas trébuché »; du reporter de I Tv qui prend à témoin les terroristes à une spectatrice qui raconte sa fuite du Bataclan pendant que les tireurs rechargeaient leurs kalachnikovs, des phrases se détachent du maelstrom médiatique entendu toute cette semaine. Ce vendredi, Paris semblait pleurer avec cette pluie incessante qui s’abattait sur la capitale une semaine après les attentats. Du stade de France au Bataclan en passant par des terrasses un vendredi soir, les fous de Dieu comme on les appelle ont semé la mort et la peur. Un vendredi 13, ils ont fait 87 victimes parmi ceux venus écouter Eagles of the death-« Les aigles de la mort », dont l’affiche de concert montrait un buste dénudé de femme portant un perfecto noir, avec des éclairs sataniques; un groupe californien de metal rock, bien loin des Eagles et de leur gentil tube Hotel California qui a entamé le titre Kiss the Devil– Embrasse le diable lorsque les tirs ont commencé. Ils disaient aimer le diable, s’en réclamaient, leur vœu a été exaucé au delà de leurs espérance semble t-il comme les chaines d’infos continues l’ont raconté en boucle, de quoi rassasier certains comme cet homme devant le Bataclan samedi soir qui les avait regardées toute la journée. Un robinet sordide et anxiogène qui se déverse depuis des jours, avec des témoignages de rescapés à la clé, souvent le visage-pourquoi?-caché.
Vous n’aurez pas ma haine
Autre façon de voir, « Vous n’aurez pas ma haine », Antoine Leiris est à la Une du quotidien Le Monde. Il a perdu sa femme, « un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils », partie mourir sans le savoir ce vendredi soir « aussi belle que lorsque j’en suis tombé amoureux il y a douze ans » et laissant derrière son corps criblé de balles « Melvil, 17 mois » qui « toute sa vie vous fera l’affront ‘être heureux et libre ». Les mots manquent, les larmes coulent. C’était une drôle de semaine, avec l’idée que la vie continue, car il faut rester debout et si possible rire comme en écoutant la bande joyeuse sur France Inter de Si tu écoutes, j’annule tout. Paul Dewandre, belge, qui joue Les hommes viennent de Mars et les femmes de Venus II est l’invité ce vendredi soir où les embouteillages à la sortie de Paris montrent que la routine reprend des droits, même si l’autoroute A5 était anormalement déserte quelques jours avant. Le Belgistan? « Molenbeeck, ce serait bien que les Français apprennent à le prononcer … ». « Et bien, réglez déjà les problèmes qu’il y a là-bas! ».
Le rire pour sauver le monde? Une scène de 007, Spectre pour s’offrir offert un fou rire. On y voit le conducteur d’une Fiat 500, chantant de l’opéra, se faire pousser dans les rues de Rome par James Bond dans son Aston Martin, pourchassé par un méchant. Cela faisait du bien tout comme de découvrir ces Sufragettes, film où des femmes choisissent de payer le prix fort pour « montrer le chemin » aux hommes, dans un début de XXème siècle où ils étaient tout puissants; ou encore cette première sublime de La Bayadère à l’Opéra Bastille pour résister ensemble après les pleurs ou le drame personnel bien relatif-au vu des derniers jours-d’avoir son portable volé, avec à la clé, sa vie intime violée par un inconnu. Voilà donc cette semaine à Paris vu par le Pariser.