Patricia Petiton toujours aussi rousse, Sabine Devieilhe et sa voix cristalline, Emmanuelle Haim à la tête de son bel ensemble Le Concert d’Astrée, le plateau de cet opéra de jeunesse de Mozart, écrit à l’âge où l’on lutte contre l’acnée et que l’on passe son brevet des collèges- 14 ans- avait de quoi séduire. En tous les cas, il a réuni au sein du public toujours aussi bourgeois du TCE de nombreux « people » en ce soir de première, avec Christiane Taubira, Jean-Pierre Marielle, Sandrine Kiberlain et une bonne partie des sociétaires du Français. Loïc Corbery, sa ravissante compagne Georgia Scallet (à ne pas manquer dans L’Odeur de la Mandarine qui sort en DVD avant de la retrouver dans Britanicus en mai prochain) étaient en effet venus soutenir leur camarade Clément Hervieu-Leger qui signait là une mise en scène pas des plus inspirée, ainsi que le big boss de la Comédie Française, Eric Ruf dont le décors, économie oblige, est resté identique trois heures trente durant. Un grand mur, des tréteaux, un rideau qui tombe et quelques chaises au milieu desquels il avait glissé comme figurante sa propre progéniture, ravissante petite blonde évoluant sur une scène où l’on avait également fait des économies de lumière. De quoi se laisser tranquillement bercer-voire s’endormir- par les voix et les notes en évitant d’essayer de comprendre cette histoire abracadabrantesque, entre trahisons fratricides et de « je t’aime, moi non plus », le tout sur fond de guerre. Le choeur final avait d’ailleurs des résonances bien actuelles » Qu’une guerre éternelle et nulle paix lui qui prétend dérober au monde entier sa liberté », une sorte de Marseillaise avant l’heure qui marqua la fin de cette soirée pas vraiment mémorable avec l’idée que comme le bon vin, les compositeurs se bonifient avec le temps, même s’il y a dans cette oeuvre ultra précoce de Wolfie de quoi rendre plus d’un parent envieux.
LM
Mithridate au Théâtre des Champs-Elysées, jusqu’au 20 février 2016