À l’heure ou le mariage fait débat dans la rue, à la Cité de la Musique, on le célèbre ! Jusqu’au 18 août, on y fête l’éternelle noce de la musique et du cinéma. Une union pérenne, qui depuis plus d’un siècle n’en finit pas de se renouveler et de prouver son potentiel artistique et émotionnel. L’exposition propose justement un parcours chronologique qui mêle l’évolution de cette alchimie au cours de l’histoire du cinéma et les différentes étapes de la création d’un film. La scénographie, signée Clémence Farell, plonge le spectateur dans l’univers technique du cinéma en mobilisant les matériaux qui évoquent le plateau de tournage : les projecteurs, les néons, les flight cases, les rails de travelling et le fauteuil du réalisateur où, pour une fois, il est permis de s’asseoir. Bourrée d’anecdotes et d’objets fétiches, cette exposition fait aussi la part belle à l’interactivité. Vous ne resterez pas les mains dans les poches car de nombreux écrans numériques sont là pour vous faire expérimenter l’importance de la bande sonore d’un film. Vous pourrez par exemple percevoir The Artist, le film aux multiples récompenses de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin, avec une nouvelle oreille en substituant la musique d’une des scènes dramatiques par celle que le compositeur avait écrite sur mesure, mais que le réalisateur n’a pas gardée, préférant finalement la première, laquelle ne devait pourtant servir qu’à donner une idée de la couleur musicale de la scène. Une bonne manière d’observer la fabrication d’un film de l’intérieur en appréciant les choix esthétiques d’un réalisateur.
Le son au bout des doigts
Cette rétrospective a su se rendre attractive en privilégiant l’innovation et l’ingéniosité pour répondre à la soif créative d’un public de cinéphiles mélomanes. En témoigne le « clou de l’exposition » selon l’expression du commissaire N. T. Binh : une pièce isolée au fond de la galerie abrite un mini-studio de mixage où le spectateur peut à loisir modifier la bande son d’une scène dans trois films récents. Gainsbourg-Vie Héroïque ou Mesrine sont projetés en face de vous avec un écran tactile où sont affichées l’images et les différentes pistes sonores. Le logiciel permet alors d’être un véritable ingénieur du son, gardant en mémoire vos modifications pour revoir la scène avec votre propre bande sonore. Une activité ludique et instructive qui met un aspect de la création d’une œuvre cinématographique à la portée du doigt de tout un chacun. Au sous-sol, on diffuse des extraits de chefs-d’œuvre du septième art où la musique joue le premier rôle. On peut aussi choisir d’écouter un thème inoubliable comme celui de Love Story en pressant un bouton qui éclaire alors la pochette du vinyle original. Un objet incongru se cache également à ce niveau. On ne révélera pas sa nature, mais on peut toujours dire qu’il s’agit de l’élément du décor d’un film dont la sortie est prévue à la fin de ce mois… à vous d’aller le découvrir !
Par Romain Breton
Musique & Cinéma, jusqu’au 18 août 2013 à la Cité de la Musique