On se souvient encore du très beau roman de Lola Lafon, La petite communiste qui ne souriait jamais sur le destin de Nadia Comaneci. En cette rentrée littéraire, elle quitte l’ex bloc soviétique pour un roman qui se déroule outre atlantique mais qui garde le communisme en toile de fond. Imaginez, la petite fille du magnat de la presse Randolph Hearst lequel avait inspiré le film Citizen Kane à Orson Wells est kidnappée en 1974 par un groupuscule révolutionnaire, le SLA et très vite, épouse leur cause. Lavage de cerveau? A des milliers kilomètres de là, dans les Landes, une universitaire américaine embauche une jeune française pour préparer la défense de l’héritière. La première va initier la seconde à la révolte et lui ouvrir les yeux sur cette Amérique « brinquebalante » qui tire sur les étudiants et où tant de monde n’a même pas quoi se nourrir. Lola Lafon a l’écriture ample, comme en témoigne le début de son roman : « Vous écrivez sur les jeunes filles qui disparaissent. Vous écrivez ces absentes qui prennent le large et l’embrassent sans en trier le contenu, élusives, leur esprit fermé aux adultes. Vous interrogez notre désir brutal de les ramener à votre raison. Vous écrivez la rage de celles qui, le soir, depuis leur chambre d’enfant, rêvent aux échappées victorieuses, elles monteront à bord d’autocars brinquebalants, de train et de voitures d’inconnus, elles fuiront la route pour la rocaille. » L’histoire finira dans un bain de sang pour les ravisseurs et bouleversera la vie de la jeune stagiaire française à jamais, avec l’idée qu’il ne fait pas bon être du côté de ceux qui ne choisissent pas l’ordre établi. Un très beau livre qui démontre une fois encore le talent de cette romancière et les choix éditoriaux d’Actes Sud.
LM
Mercy, Mary, Patty de Lola Lafon publié chez Actes Sud, 20 euros