« Qu’il est difficile d’être trop aimé ». Dans le premier acte, Jason- formidable Reinoud Van Mechelen- se plaint de l’amour de Médée, trop envahissante. Il est tombé amoureux de la princesse Créuse, fille de Créon, chanté par Laurent Naouri. C’est en effet une très belle distribution que propose l’Opéra de Paris, avec, dans le rôle titre de cette mère infanticide, la jeune et explosive Léa Desandre, très- trop sage?- rousse, avant de devenir destructrice, face à la blondeur platine, façon Jean Harlow, de la princesse Créuse. Le metteur en scène, David McVicar, a transposé le drame grec pendant la seconde guerre mondiale. On s’amuse à retrouver sur la scène le Général de Gaulle et Jason, en officier de marine, dans des tableaux qui rappellent les grands heures du cinéma hollywoodien, avion US à paillettes nimbé de lumière rose. Soldats sautillants face à des danseuses en porte-jarretelle pour évoquer les « petites femmes » de Paris, la mise en scène flirte souvent avec la comédie musicale ou le show où l’héroïne grecque ressemble à une pop star à la chorégraphie calquée sur ses danseurs. L’intrigue du livret de Racine mis en musique par Marc-Antoine Charpentier est déroulée de main de maître par le chef d’orchestre aux cheveux blancs mais encore bondissant dans la fosse qui n’est autre que William Christie, à la tête de ses chers Arts Florissants. Un enchantement pour les oreilles et pour les yeux grâce aux costumes et décors signés par Bunny Christie.
AW
Médée à l’Opéra Garnier jusqu’au 9 mai 2024, 19 heures 30