Lakhdar est un jeune musulman Tangérois d’à peine vingt ans , épris de liberté dans un pays qui ne la proclame pas forcément. Son souhait le plus cher est de franchir le territoire et de vivre en Europe. La vie là-bas, lui paraît plus idyllique que dans son pays natal, le Maroc. Son amitié avec Bassam, un garçon du même âge que lui, se délitera en raison des chemins différents qu’ils prendront : Bassam sera omnibulé par l’islam et penchera vers l’extrêmisme religieux, tandis que Lakhdar, animé par son profond désir de liberté, partira en Europe où il rencontrera joies mais aussi peines…
Mathias Enard raconte à la 1ère personne , l’itinéraire et le « destin » de ce jeune marocain de Tanger, qui « cherchant tout simplement à voyager, gagner de l’argent, se promener tranquillement avec sa copine, baiser s’il en a envie, prier s’il en a envie, pécher s’il en a envie (…) sans que personne n’y trouve rien à redire à part Dieu », va être malgré lui, confronté à l’errance, la solitude, l’immigration clandestine en Espagne avec en toile de fond la révolution arabe et la crise européenne.
« L’Espagne qui s’enfonce dans la crise, l’Europe qui se détruisait sous nos yeux et le monde arabe qui ne sortait pas de ses contradictions ». On suit avec attachement le chemin de ce personnage sensible, épris de poésie et amoureux de littérature.
L’auteur signe avec brio un magnifique roman sur l’envie de vivre tout simplement , dans un style fluide qui nous emporte jusqu’à la dernière ligne et que l’on a peine à quitter.
Par Elise David
Rue des Voleurs de Mathias Enard chez Actes Sud-21, 50 euros