L’insoutenable légèreté du tweet

C’est pas grand chose un tweet. 140 petits caractères de rien du tout. A en croire les détracteurs, il paraît même qu’il est impossible de développer une pensée en si peu. Pensez donc, depuis le début de cette chronique, vous en avez déjà lu presque deux ! Mais c’est parfois largement suffisant pour se montrer à la fois indécent, incohérent, voir outrageant. Ce mercredi 25 janvier 2012, Nadine Morano, inénarrable Ministre de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle, s’est exprimée à plusieurs reprises sur ce fameux accident de la circulation dans lequel elle a été indirectement impliquée en début de semaine lorsqu’un motard de son escorte ministérielle a renversé un jeune homme. Et a encore une fois réussi l’exploit de provoquer l’indignation de milliers -pour ne pas dire plus- d’internautes.

Inutile de revenir ici sur le fond de l’histoire, ni sur la polémique qui en a suivi, ni sur les échanges musclés entre la Ministre, l’humoriste Stéphane Guillon, Le Canard Enchaîné et le reste du monde -posture que Nadine Morano ne rechigne d’ailleurs pas à adopter régulièrement.  Car dans ces échanges, les différents protagonistes sont, par définition, co-responsables de la tournure que prend la conversation. Mais sur son compte Twitter, Nadine Morano a décidé de revenir sur ce malheureux évènement. Et ses tweets sur le sujet valent le détour…

Mercredi 25 janvier, en l’espace de 17 minutes seulement, elle poste sept messages sur le sujet. Elle tweete en rafale et multiplie les bévues. Elle commence par expliquer qu’elle a rendu visite «  à Alexis « , le jeune homme accidenté. « Un garçon remarquable. Il est sorti aujourd’hui. Il va bien. On a sympathisé et fait des photos « . Quelques minutes plus tard, Nadine Morano explique  » J’ai respecté la volonté de discrétion de la famille « . En faisant des photos ? Et en le disant sur Twitter alors même que la ministre compte plus de 42 000 followers et qu’elle sait pertinemment que, comme toute personnalité publique, ses propos y seront repris ? Etrange notion de discrétion…

Mais Nadine Morano ne s’arrête pas là.  Quelques minutes plus tard, elle se drape dans une magnifique posture d’indignation sincère et profonde :  » Je trouve lamentable d’instrumentaliser un accident de la route qui est un choc pour nous tous « . Dont acte. Ce n’est décidément pas grand chose un tweet. Mais c’est largement assez pour dire beaucoup de bêtises…

par Erwann Gaucher

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