1 février 2014

Comme vous l’avez lu dans ces colonnes (lire article), je suis rentrée d’Utah avec des Mormons, non pas dans mes valises, mais dans mon avion. Un groupe de jeunes missionnaires comme ils sont des milliers à quitter les plaines de l’Ouest américain, envoyés à la conquête du monde. Un message sur mon portable plus tard, auquel je n’avais pas répondu, et voilà Jim qui aboie (vraiment) ce jeudi soir. Il est plus de huit heures, je n’attends personne et les enfants ne sont pas encore au lit. Devant ma porte, deux fraîches jeunes filles – les missionnaires vont toujours pas deux – qui s’excusent avec gentillesse et me disent n’en avoir que pour quelques instants, le temps de « prier ensemble ». Les enfants tout excités, nous voilà tous assis dans le salon à invoquer à l’heure de la météo le « Père Celeste » et Le remercier pour tout ce qu’Il nous donne, les mains croisées; les enfants sont emballés, l’humeur est légère, difficile de leur résister. Nous sommes ainsi conviés à aller à l’Eglise de la rue Saint Merry le dimanche prochain, à 9 heures 30. En les raccompagnant, elles me demandent le code que je donne sans réfléchir, inquiète ensuite qu’elles reviennent démarcher dans tout l’immeuble pas vraiment très large d’esprit. Les mormons croient-ils à la synchronicité? Toujours est-il qu’à la faveur de la zapette, un document plutôt bien fait sur W9 m’en apprend plus. La polygamie, le baptême après la mort – forcément sans consentement de personnalités comme de Gaulle, Dalida ou Louis de Funès, la toute puissance financière et surtout ce prophète vivant et ses douze apôtres, dont certains sont d’anciens businessmen. Car l’église mormone est riche, très riche avec pour chacun de leur membre l’obligation de verser 10 % de leur salaire. Quant à les quitter, c’est passer en Utah dans la clandestinité, avec des pressions qui racontées par les témoins américains interrogés,  me rappellent un peu comment la visite s’est faite chez moi, certes très amicale mais imposée. Mais le plus choquant est d’apprendre que cette église qui se veut agir au nom de Jésus, a resitué sa naissance en Amérique, croit en l’apocalypse – stockant des tonnes de riz dans des silos – et ne paye même pas ses missionnaires qui doivent épargner sur leurs propres deniers les dix-huit mois qu’ils passent au service de ce qui peut ressembler à une multinationale. S’il est vrai que l’Eglise catholique a eu des richesses considérables, voilà qui ternit pas mal le tableau de cette religion qui compte en France 16 000 fidèles sans être toutefois qualifiée de secte. On en est pourtant pas très loin…

LM

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