18 juin 2024
Les législatives de tous les dangers

HISTORIQUE. Voilà qui mérite bien que les journalistes soient privés de vacances en juillet tandis que le nombre de procurations explose pour voter le 30 juin et 7 juillet prochain. Il faut dire qu’au niveau du timing, Emmanuel Macron, en choisissant d’imposer des élections anticipées à la veille des grandes vacances et des JO, a créé la sidération auprès de sa majorité qui n’en est plus une. Car, la vraie question à se poser ne serait-elle pas de savoir s’il avait encore le choix? Et si, en jouant au pompier-pyromane, il ne rend pas service à une France dont on a volé la dernière présidentielle? Cela, même s’il ne reste plus que deux semaines pour imprimer, envoyer les programmes et faire campagne. La gauche a réussi l’Union sacrée en quatre jours, prenant de court la stratégie du président français; pêché d’orgueil, calcul machiavélique de prendre ses adversaires de vitesse ou stratégie du pire en mettant le RN à l’épreuve du pouvoir, Emmanuel Macron « joue avec le feu » comme le soulignent tous les analystes politiques.  Jordan Bardella, 28 ans et sans aucune expérience du pouvoir, se voit déjà à Matignon, surfant sur ces laissés pour compte- un tiers des Français n’ont plus que 100 euros pour finir le mois chaque 10 du mois.

La faute à Macron

De Jupiter, on est passé à Uranus, le chaos. La presse étrangère s’en fait le relai; « monumental pari » pour Politico qui rappelle qu’une victoire de l’extrême droite en 2027 fait « frémir Bruxelles »; retrait de l’OTAN, nationalisme teintée de sympathie pour Poutine, l’hebdomadaire européen table sur un électorat différent et une élection à deux tours-au premier, on choisit, au second, on élimine-pour sauver les meubles face à une extrême droite qui « n’a jamais été aussi respectable ». Et de rappeler que cette stratégie ressemble à celle de David Cameron lorsqu’il a organisé un référendum en 2013 sur la sortie du Royaume Uni de l’UE, avec le résultat que l’on connait. Macron, trop impulsif? C’est ce que pense le journal grec Ta Nea qui pointe « sa grande responsabilité dans le cours des événements de son pays ». Et si La Repubblica cite les macronistes « on ne se trompe jamais lorsqu’on donne la parole aux Français ». Reste que Die Ziet rappelle avec raison que « cela fait quarante ans qu’un parti (le RN) n’avait pas réalisé un score aussi élevé », soit le double du parti présidentiel. Et de conclure que « c’est du côté de Macron lui-même qu’il faut chercher la réussite de l’extrême droite ». Outre-Manche, le Daily Telegraph rappelle que « la prise de risque est dans l’ADN de l’ancien banquier d’affaires ». Car, en mettant le parti de Marine Le Pen à Matignon, cela pourrait « faire passer aux Français toute envie de confier des responsabilités gouvernementales à ce parti » analyse un quotidien suisse germanophone. The Guardian s’intéresse pour sa part aux retombées des JO Paris2024 en s’attardant sur l’effet « magique » qu’ils ont pu avoir à Londres en 2012 ou il y a cent ans en France. Mais pour l’instant, ces Européennes sont, pour le New York Times,« un écrasant désaveu », « une situation tordue, typiquement française » pour le Nihon Keizai Shimbun au Japon et « une débâcle politique » pour les médias russes.

 

Par la rédaction (avec Courrier International)

Dessin de Kak pour l’Opinion

Articles similaires