L’argument marketing était imparable: vous serez tous morts pour les prochains JO à Paris. Les Maldives utilisent le même: les îles n’existeront plus d’ici quelques décennies. Résultat, 9,5 millions de billets ont été vendus pour les épreuves olympiques qui viennent de s’achever, soit 95% de la jauge, malgré des tarifs prohibitifs-seuls 13% des billets étaient à 24 euros et une cérémonie d’ouverture privatisée sur les quais bas de la Seine au tarif unique de 1760€ (99€ debout du côté « populaire » d’Austerlitz où il n’y avait rien à voir) pour prendre une douche en regardant des écrans géants. Cela, en devant arriver trois heures avant et passer une dizaine de contrôles policiers. Quant aux nombres d’invitations de la ville de Paris ou de la région Ile de France destinées à leurs agents publics, les services de presse concernés ne nous ont jamais répondu. Pas plus pour savoir pourquoi la Seine ne sera baignable aux « gueux » qu’en 2025, soit un an après les athlètes et Anne Hidalgo, la maire de Paris. Ni pourquoi la fan zone du parvis de l’Hôtel de ville était, ce soir-là, uniquement accessible aux « Pack hospitalités », c’est à dire des places corporate vendues trois fois plus chères, une coupette de champagne (et un parapluie) à la clé.
Overdose télévisuelle
La polémique s’est concentrée sur le tableau très « queer » et « inclusif » commenté par une Daphné Bürki qui aurait mieux fait de s’en tenir à la présentation de l’émission sur France 2, Drag Queen. Rassurons-nous, la plupart des chaînes étrangères n’ont diffusé en format « court » qu’une heure de la cérémonie, ne gardant sans doute que Lady Gaga en play back, la superbe remontée équestre sur le fleuve et Celine Dion, coupant la scène gore de Marie Antoinette ou celle de Philippe Katerine en Dyonisos-au demeurant très drôle, ainsi que le choquant publireportage sur les malles Vuitton. Cent cinquante millions d’euros pour passer en prime time sur CBS, Bernard Arnault, tu rêves! A la place, France télévisions assure la diffusion en non- stop.
Mais, ce 12 août 2024, c’est l’heure des bilans enflammés auprès de spectateurs-supporteurs bruyants et bariolés qui, selon Paul Quinio, rédacteur en chef pendant les vacances de Libération ont« sublimé un chauvinisme bon enfant à rendre La Marseillaise presque belle (…) »-sic. Quid de cette trève politique imposée et des plus contestables d’où sort auréolé un président désormais minoritaire? Quid de la reconnaissance faciale qui devrait perdurer après les JO et de Paris transformée en citadelle policière? Quid de l’indemnisation des restaurateurs et hôteliers qui ont gravement souffert en pleine période estivale des restrictions de circulation et de l’effet « d’éviction »- repoussoir des JO? Force à parier qu’ils devaient avoir des clients potentiels dans les 800 000 français fuyant Paris le 26 juillet 2024 et sont restés bloqués en gare, non?
Par Laetitia Monsacré