Il est quelques traditions qui restent dans le « village » de Saint Germain des Près où Armani a chassé l’irremplaçable Drugstore ou Vuitton, la librairie la Hune tandis que Ralph Lauren, Burberry, Swaroski et d’autres ont transformé les abords de l’Eglise en mini avenue Montaigne. Devenu une figure des derniers mohicans, les Deux Magots offrent aux beaux jours la plus attirante terrasse, baignée de soleil dès le matin. Les serveurs y sont so french pour servir touristes ou habitués à l’image de leur concurrent quasi mitoyen, Le Flore. Celui-ci avec son célèbre premier étage où quelques magnifiques pages de roman ou de poésie s’écrivirent semble aujourd’hui quelque peu terni à l’exception de l ‘ambiance déjantée chaque année lors de la remise de son prix littéraire avec comme animateur Frédéric Beigbeder et sa légendaire assurance de Germanopratin-son retour dans son pays Basque natal n’y changeant rien. Ce lundi 26 juin 2023, comme chaque année le dernier lundi du mois de juin, c’était au tour des Deux Magots, nommé ainsi pour les deux figurines chinoises qui ornaient autrefois l’enseigne d’un magasin de « nouveautés » créé en 1873 avant de devenir le café actuel, de faire bombance autour de magnum de champagne Veuve Clicquot- pas question ici de servir du mousseux dans des gobelets en carton comme aux réunions familiales; et pourtant, c’est une belle réussite restée familiale, avec sa propriétaire Catherine Mathivat, que les livres, la mode avec un défilé sur tapis rouge et de la musique live régalèrent leurs invités entre canapés, curry de lotte, valse de fromages et ronde de desserts avec une météo idéale pour profiter pleinement de la terrasse et découvrir leur dernier cocktail, le St-Germain Spritz, à base de fleur de sureau, à siroter sans modération en attendant la remise du prix littéraire de la Maison- surtout ne pas oublier la majuscule, qui sera pour sa 90ème édition, décerné en septembre (contre janvier auparavant), afin de passer de la queue du peloton des prix littéraires à sa tête.
Montée en gamme pour les papilles et la littérature
Car les Deux Magots entende bien redevenir « le rendez-vous de l’élite intellectuelle » avec, dans son jury l’arrivée de la belle plume d’Isabelle Carré, d’Abel Quentin à la recherche « d’une littérature à l’estomac » et de l’incontournable (on ne prête qu’aux riches) Clara Dupont-Monod, autrice, directrice littéraire chez JC Lattès et chroniqueuse sur France Inter. La Maison promet aussi ce soir-là des « lectures par de grands acteurs, des causeries avec des écrivains, un spectacle musical et un diner gastronomique », tout un programme, correspondant à une montée en gamme en cuisine pour devenir le « meilleur croque-monsieur et club sandwich de Paris ». Idem côté dessert avec l’arrivée d’Arnaud Larher, classé parmi les cent meilleurs pâtissiers du monde pour des millefeuilles caramélisés ou des cheese-cake aux agrumes. En attendant, Les Deux magots vont, après le Japon conquérir le Brésil et l’Arabie Saoudite en reprenant les codes parisiens pour des Cafés à la décoration associant « boiserie, laiton, banquettes en moleskine et miroirs- celui de Riyad promet d’être un superbe écrin offert aux trente-six millions d’habitants dont on connait le fort pouvoir d’achat. Voilà qui est logique lorsque l’on a été le lieu de rencontre de Eluard, Gide, Prévert ou Fernand Léger. Et qu’en 1935, c’est là que Picasso fit connaissance de l’une de ses épouses, la photographe Dora Maar. De quoi donner des racines et des ailes à ce café qui demeure aujourd’hui encore une institution, même si les rencontres y sont moins édifiantes…
AW
Les Deux Magots, 6 Place St-Germain des Près, Paris 6ème
Open bar pour une belle soirée d’été
Défilé de mode sur tapis rouge de mannequins aux bras des serveurs