Heureusement qu’il a fait beau… Partir pour ce long week-end de la Toussaint était en effet une
chose bien ardue avec cette énième grève chez Air France. Il valait ainsi mieux choisir le train-quoique- à l’instar de mon voisin dans le TGV- stewart sur les longs courriers de la compagnie nationale. Pas fou, il avait compris que pour rentrer chez lui, à Bordeaux, les rails seraient plus sûrs-…Il rentrait de New York, un vol de nuit et avant qu’il ne finisse dans les bras de Morphée, nous avons un peu parlé.
Pourquoi encore une grève lui ai-je demandé? C’est vrai, connaissait-il au moins les raisons de celle-ci ? Sa réponse fut un peu évasive. Il n’en était pas très sur. D’ailleurs, de quoi l’était il? Son patron? Avec les derniers changements, il ne savait plus très bien de qui il s’agissait. Pour lui en tous cas, Jean- Cyril Spinetta c’était il y a quinze ans, soit cinq ans avant son arrivée chez Air France où en dix ans, il avait vu bien des choses changer. Les durées d’escale avaient fondues- un jour pour New York avec une nuit au Novotel de Times Square, trois étoiles tout de même, et au plus, deux jours pour Santiago du Chili, 15 heures de vol. En fait, « Nous sommes inquiets pour le prochain accord salarial qui doit intervenir en …2012 » me dit-il. Une grève de méfiance donc. Et de défiance par la même occasion.« On a peur que les choses changent. Il y a déjà une grosse différence entre les équipes de province-désavantagées et celles de Paris. Et puis ce passage en cabine de 4 à 3 personnes, c’est des conditions de travail dégradées. Et puis songez à la sécurité! On est dans un avion tout de même! » Voilà, avec les réductions d’effectifs chez Air France, ce sont des avions qui s’ils s’écrasaient, épargneraient la vie d’un membre du personnel naviguant. C’était donc contre cela qu’ils se révoltaient? Et chez les autres compagnies, comment cela se passait-il? Là, il ne savait pas très bien même s’il me dit que chez British Airways, il avait cassé les grèves en mettant le personnel des bureaux en cabine. De quoi donner une idée à la direction d’Air France qui semble avoir retenu l’idée. Voilà pour Air France et cet aller en TGV, sans encombre. Car au retour, j’eus à goûter, comme l’ensemble des usagers des trains en direction ou en provenance de Toulouse, à une bonne heure de retard. « La faute au privé’ répétait le sourire au lèvres une hôtesse SNCF en gare de Bordeaux, faisant des croquis pour vous expliquer qu’un train d’une compagnie privée avait déraillé DIX jours plus tôt et que l’on ne circulait plus depuis que sur une voie. « Pas notre faute donc pas de remboursement « . Mais dans l’ère internet et Sms ou numéro vert, rien pour prévenir depuis neuf jours les usagers que TOUS les trains auraient une heure de retard, ça n’avait pas empêcher de dormir Guillaume Pépy, le patron médiatique de la SNCF? « Enfin, une heure peut être pas, ajouta l’hôtesse en souriant. Des voyageurs se sont fait avoir l’autre fois car le train n’est arrivé avec finalement que 25 mn de retard... » Double peine donc. Le train qui est en retard et part ensuite sans vous. De quoi donner des sueurs froides aux voyageurs qui se sont donc agglutinés tout comme moi sur le quai de la gare Saint Charles équipé de… dix sièges. On était donc priés de rester debout et de réaliser à quel point le train c’était ce week-end mieux que l’avion…