Madison avenue, Meatpacking district. Marcel Breuer, Renzo Piano. Un cube en beton gris, un échassier blanc. Le Whitney Museum a quitté les beaux quartiers de l’Upper West side pour atterrir downtown, dans l’ancien quartier des abattoirs de New York. De l’art américain sur sept niveaux, du blanc immaculé, la lumière de l’Hudson et des terrasses avec vue sur les toits des hangars environnants, le New Jersey en face. Telle est la nouvelle attraction culturelle de New York, avec café, restaurant comme il se doit pour découvrir les artistes américains qui n’ont bien souvent pas passé les frontières. Pollock, Calder, Hooper ou Georgia O’ Keffe sont bien sûr sur les cimaises mais combien de toiles, de sculptures, d’installations transforment le visiteur en simple passant, consommateur d’art comme il se nourrirait d’un hamburger. Laura Poitras, réalisatrice de Citizenfour, le formidable documentaire sur l’affaire Snowden est sans doute l’invitée temporaire qui interroge le plus durablement dans le dédale de ces salles dont on ne retient pas grand chose. La surveillance de masse, le programme des drones américain, la fin de la vie privée, la démonstration est édifiante comme ce grand lit où les visiteurs sont invités à s’allonger pour regarder une vidéo; une salle plus loin, on les retrouve sous forme de silhouettes captées par une camera thermique, leur téléphone portable étant tous identifiés, avec l’idée que leur contenu a pu être décrypté à leur insu. De quoi frissonner à défaut de s’offrir un choc esthétique, ce qui est plutôt en phase avec l’Amérique actuelle…
AW