Le web est le mal absolu, ou à peu près. Il s’attaque à tout, tel un virus vorace et destructeur, ne respectant absolument rien. Même le cinéma, ce monde de magie et d’artistes, n’est pas à l’abri. C’est bien pour cela qu’il fallait le placer sous juridique. Face à cet univers d’internautes sans foi ni loi, dont le seul plaisir dans la vie semble être de pirater le plus rapidement possible les films pour les offrir gratuitement sur des sites illégaux, il fallait réagir avec vigueur.Alors, le web, responsable de la lente agonie du cinéma français? En plus de 50 ans, le nombre de spectateurs a reculé de 50 %. Lorsqu’en 1947 nos glorieux grands-parents se pressaient dans les salles -plus de 423 millions d’entrées à l’époque, les Français ne sont plus plus que 215 millions à l’avoir fait en 2011. Le piratage va tuer le rêve, c’est sûr…
Fréquentation des salles en chute
Reste que la cinéma est en crise depuis bien avant l’arrivée d’internet. En 1980, la fréquentation n’était que de 175 millions de spectateurs, soit une baisse radicale de 60% par rapport à 1947. Même avec la plus grande volonté du monde, difficile d’accuser les pirates du web de cette Bérézina cinématographique et commerciale. A l’époque, le minitel n’avait même pas encore envahi les foyers français et les socialistes n’étaitent pas encore à l’Elysée. Et la chute, vertigineuse, va continuer encore longtemps, jusqu’à atteindre un record historiquement négatif, en 1992 avec seulement 116 millions d’entrées. L’année noire du cinéma en France. L’année de la sortie de 1492 Christophe Colomb, avec Gérard Depardieu, mais faire le lien serait du pur mauvais esprit…
Piratage de tout temps
Il faudra attendre 2005 pour que 40 % des foyers français soient présents sur le web. Et depuis 2005, comment se porte le cinéma en France ? Mieux mon capitaine, puisque chaque année, ou presque, il bat un nouveau record. En 2010, avant qu’Hadopi n’entre en application et ne puisse donc se targuer de résultats, la fréquentation des salles repassait au-dessus des 200 millions d’entrées, pour la première fois depuis 1982. Oui, bizarrement, depuis que le web explose, le cinéma va mieux ! Voilà une constatation qui ne va pas arranger ceux qui, comme Jean-Jacques Annaud dans le reportage de France 2 en 2009, expliquaient tout le mal qu’internet leur faisait -voir vidéo ci après. Les amoureux des salles obscures savent également que le piratage n’a pas attendu le web. Le voyage dans la lune de Georges Méliès, que l’on pourrait qualifier de premier blockbuster de l’histoire du cinéma, est également le premier film piraté puisque des producteurs américains avaient exploité des copies du film du génial illusionniste sans lui en avoir touché un mot. C’est une des choses que l’on apprend dans le magnifique documentaire de Serge Bromberg, Le voyage extraordinaire. Longue vie donc au 7 ème art et à …internet.