« Ainsi va la vie sur le Redoutable »...Du nom d’un sous-marin de l’armée française, cette phrase ne cesse de ponctuer le dernier film de Michel Hazanavicius qui réalise l’adaptation du livre d’Anne Wiazemski, la femme de Jean Luc Godard pendant cette année 68 si particulière. Elle y joua dans son film La Chinoise qui fut plutôt mal reçu, début de la fin de l’adoration pour celui qui représentait la Nouvelle vague depuis ses mémorables A bout de Souffle, Pierrot le Fou et Le Mépris. « Quand est ce que vous allez refaire des films marrants? » lui demande ainsi dans cette comédie grinçante une jeune manifestante; Godard répond agacé, voire en insultant campé par le comédien Louis Garrel, confondant de justesse dans ce rôle de celui qui refusa toujours le système. Et ainsi de faire interrompre le Festival de Cannes avec François Truffaut par solidarité avec une France en grève tandis qu’il ne veut qu’une chose: avoir de l’essence pour rentrer à Paris. L’homme et ses paradoxes sont ainsi montrés à longueur du film tandis que son histoire d’amour avec sa très jeune femme se délite. On rit souvent, on s’ennuie un peu devant ce film qui, s’il n’a rien de mémorable, rappelle ce que fut l’engagement d’un artiste dans une année qui reste dans toutes les mémoires même si la révolution promise n’a jamais eu lieu.
LM