Jim (décidément ce prénom est bien porté)-James Donovan dans le civil- est l’homme debout; celui qui se relève, quelque soit les coups, avec cette idée que « peu importe ce que pensent les autres, vous, vous savez ce que vous avez fait ». Joué par Tom Hanks, toujours aussi impérial en avocat intègre et brillant, cet homme qui a vraiment existé, a joué en pleine guerre froide un rôle majeur, se révélant bien plus agile que tous les diplomates américains. A l’image de cet avocat qui défendit les assassins de Lincoln, au nom de la même justice pour tous dans The Conspiration de Robert Redford et qui fut par la suite le créateur du Washington Post, Steven Spielberg s’attaque à son tour à cette question: jusqu’où la raison d’Etat peut-elle aller? Et l’Amérique respecter sa constitution à la lettre- un procès équitable-lorsqu’il s’agit d’un ennemi absolu en la personne d’un espion soviétique, incarnation humaine du péril nucléaire dans les années 60? « Un bon soldat, avant tout » qui se nomme Abel, sexagénaire minutieux qui s’adonne à la peinture, sans jamais par la suite s’inquiéter de son sort « est-ce que ça aiderait? » et dont le bon peuple américain réclame la mort. Jim le sauvera et par la même, devra supporter l’opprobre de tout ses concitoyens avant d’être rattrapé par l’histoire et transformer une carrière d’avocat reconnu en celle d’un négociateur nos pair qui sauvera deux hommes dans un Berlin Est devenu le théâtre tragique de la scission entre l’Est et l’Ouest.
Scénario co-écrit avec les frères Cohen-excusez du peu-, dialogues qui font mouche, montage virtuose, ce Pont des espions confirme à nouveau le génie de Spielberg, maître absolu dans l’art de combiner intelligence et divertissement dans ce film qui semble par ailleurs plus que jamais d’actualité. A voir sans modération.
LM