Terminée. Classée. L’affaire du Sofitel vient de s’achever à la cour suprême du Bronx. Au pas de charge. En moins de 5 minutes, le juge du tribunal, Douglas McKeon, a mis fin à 19 mois de feuilleton judiciaire. Il est allé droit au but : après des mois de négociations, les avocats de Dominique Strauss-Kahn et de Nafissatou Diallo ont conclu un accord “dix minutes avant l’audience” a-t’il précisé en guise de préambule. La jeune femme l’écoutait attentivement, ses cheveux pris dans un foulard gris, silencieuse entre ses deux avocats, le dos tourné à la salle remplie de journalistes. À quoi pensait-elle ? Peut-être à ces mois passés à vivre cachée avec sa fille, dans la région new-yorkaise. Ou à son avenir, ses projets, bien loin de la chambre 2806 de l’hôtel de luxe de Manhattan. Elle en aura les moyens à présent.
DSK en Italie
Rien n’a filtré sur le contenu de l’accord. Ni sur le montant de la transaction – s’agit-il de six millions de dollars, comme l’avançait le journal Le Monde ? -, ni sur les clauses de confidentialité – les deux parties pourront-elles évoquer l’affaire en public ? Nafissatou Diallo était arrivée l’air tendu au tribunal, elle en est ressortie souriante. Comme le juge. Douglas McKeon a dit avoir appris à connaître « Miss Diallo » et avoir développé une “grande affection” pour elle. Aveu inhabituel, étonnamment chaleureux de la part d’un magistrat américain, qui a conclu par un “bonnes fêtes de fin d’année à tous”. Il devait être pressé d’en finir.
Les avocats de DSK, impassibles, semblaient eux aussi impatients de tourner la page. William Taylor a brièvement remercié le juge et son équipe, avant d’exprimer sa satisfaction de « pouvoir fermer le dossier”. À peine l’audience terminée, les avocats de DSK ont disparu, ceux de Nafissatou Diallo ont accompagné leur cliente à la sortie du tribunal, pour une conférence de presse de quelques secondes, tenue sous la pluie de ce lundi gris. La jeune femme a rapidement remercié Dieu et tous ceux qui l’avaient soutenue, son avocat Kenneth Thompson a salué le courage, la force et la volonté de la jeune femme de reprendre le cours de sa vie. En un clin d’oeil, ils avaient dévalé les marches de la lourde bâtisse de pierre et s’étaient engouffrés dans leurs voitures.
Les reporters, eux, se sont mis à ranger leurs carnets, micros et caméras. Sonnés, frustrés, le grand absent en tête, Dominique Strauss-Kahn n’avait pas fait le déplacement à New York, photographié vingt-quatre heures plus tôt en Italie en compagnie de sa nouvelle maîtresse. À croire qu’il n’y a jamais eu de 14 mai 2011. Le 10 décembre 2012 semble avoir, à peine plus, existé. Enfin… pas pour tout le monde.